"J'aime le mot de décadence tout miroitant de pourpre et d'ors. J'en révoque, bien entendu, toute imputation injurieuse et toute idée de déchéance. Ce mot suppose, au contraire, [...] une âme capable d'intensives voluptés. Il projette des éclats d'incendie et des lueurs de pierreries. Il est fait d'un mélange d'esprit charnel et de chair triste et de toutes les splendeurs violentes du bas-empire ; il respire le fard des courtisanes, les jeux du cirque, le souffle des belluaires, le bondissement des fauves, l'écroulement dans les flammes des races épuisées par la force de sentir au bruit envahissant des trompettes ennemies.
La décadence, c'est Sardanapale allumant le brasier au milieu de ses femmes, c'est Sénèque, s'ouvrant les veines en déclamant des vers, c'est Pétrone masquant de fleurs son agonie. [...] C'est l'art de mourir en beauté. [...] Nous pouvons faire une application ironique et nouvelle de ce mot, en y sous-entendant la nécessité de réagir par le délicat, le précieux, le rare, contre les platitudes des temps présents : même s'il était impossible de laver complètement le mot décadent de son mauvais sens, cette injure pittoresque, très automne, très soleil couchant, serait encore à ramasser, en somme !"
(Ernest Raynaud, "Les poètes décadents")
23 septembre 2007
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2 commentaires:
J'ai beaucoupé aimé ton émission, encore une fois. J'ai beaucoup de plaisir à t'entendre et t'écouter parler. Je ne savais pas que tu étais fan de Dumas... pour l'amour fou et le snobisme cinématographique, j'étais déjà ua courant :-)
Merci du commentaire ! Tant mieux si ça t'a plu. Chaque semaine, je tâche de présenter des choses intéressantes.
Oui, Dumas était un conteur incroyable de qui on a beaucoup à apprendre...
Continuons donc tous nos projets respectifs !
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