17 octobre 2008

La collection Angoisse des Éditions Fleuve Noir

Depuis longtemps, je recherche avec curiosité les volumes de la collection "Angoisse" du Fleuve Noir, collection qui, des années 50 à 70, fut le lieu de prédilection de fantastiqueurs talentueux qui pratiquaient une littérature surprenante, volontiers surréaliste et fort inventive. André Ruellan, Adrien Sobra (Marc Agapit), Jean-Pierre Andrevon, Pierre Pelot et bien d'autres y publièrent d'étonnantes oeuvres qui côtoyaient d'autres livres plus "approximatifs" mais néanmoins réjouissants, tel cet Ostal du Mystère (que j'accompagne ici d'une preuve : nous sommes deux, chez moi, à être fans de cette collection, comme le démontre avec éloquence cette image du chat jaune pris en flagrant délit d'amour du Fleuve Noir).Si d'aventure vous trouvez l'un des volumes de la collection, dans quelque marché aux puces ou quelque bouquinerie, n'hésitez pas à l'emporter avec vous. Peut-être y trouverez vous les qualités métaphysiques qui valurent à André Ruellan ces mots de Cocteau : "C'est une fête noire que de vous lire".

03 octobre 2008

SCALI, ÉDITEUR ROCK

Tout d'abord, merci de votre patience. Il est difficile pour moi de trouver le temps de mettre ce blogue à jour aussi souvent que je le souhaiterais. Obligations et publications... et il faut bien vivre, également.

En ce début d'octobre, je tenais à vous parler de l'éditeur français SCALI qui accomplit, je trouve, un boulot formidable depuis un ou deux ans. En effet, cet éditeur a fait paraître une foule d'ouvrages de référence sur des sujets passionnants, dans des formes parfois ludiques, parfois plus "sérieuses". Le résultat, à coup sûr, ne laisse pas indifférent et permet de découvrir des univers assez intéressants.

Quelques échantillons pour vous donner une idée :

- Dans son Concentré de contre-culture, l'auteur Bruce Benderson présente une foule de personnalités de l'underground mondial. Il y a aborde à peu près toutes les "marges" : culture gothique, bandes dessinées underground, punk, grunge, événements célèbres (le désastreux concert d'Altamont), le quartier mythique de Haight-Ashbury (San Francisco), etc. Chacune des entrées de ce dictionnaire se lit avec curiosité, d'autant plus que l'auteur personnalise souvent le propos en racontant des histoires qu'il a vécues. Grâce à cet intéressant et imposant Dictionnaire de la censure, on peut enfin savoir quoi lire et quoi voir (sourires...). Près de 600 pages qui s'intéressent à cette question encore épineuse. J'estime, chers lecteurs, que vous savez que, contrairement à une idée curieusement répandue, la censure n'est pas morte en 2008. En fait, le retour du conservatisme va de pair avec le musèlement du dicible. Ce dictionnaire se penche donc sur la question en étudiant plusieurs de ses manifestations. Rappelons qu'au Québec, le chercheur Pierre Hébert a publié deux études remarquables sur le sujet et qu'il a dirigé un énorme Dictionnaire de la censure au Québec : littérature et cinéma (720 p., chez Fides), ouvrage auquel j'ai eu le plaisir de participer.

La culture rock n'est pas en reste chez Scali, avec notamment, un livre sur la mythique formation Taxi-Girl paru en janvier dernier. Dans le domaine des grandes figures tragiques, n'oublions pas cet étrange Dictionnaire des destins brisés du rock qui nous présente autant d'Icares immolés sur l'autel de l'excès. On y retrouve des noms très connus (Brian Jones, Jim Morrison, etc.) et d'autres personnages moins célèbres mais tout aussi fascinants.

J'ai déjà glissé, sur ce blogue, quelques mots au sujet du Dictionnaire snob du cinéma. Il existe aussi un Dictionnaire snob du rock qui permet de savoir à quel point vous êtes (éventuellement) fan du rock et de son histoire, mais également la place que prend cette dimension dans votre vie... à tort ou à raison !... J'avais déjà deviné mon camp ! Au menu : Americana, country alternatif, Brill Building, "Le purgatoire des rockologues" (qui présente des figures honnies des fans du rock : "Les dix personnes que le rockologue se doit de haïr" !), "Les livres essentiels que tout rockologue doit avoir lus", "dix chefs-d'oeuvre oubliés", etc.Fait particulier, Scali n'oublie pas la culture gothique avec pas moins de 5 livres consacrés au domaine. On retiendra notamment le Dictionnaire gothic [sic] qui présente des figures et des oeuvres marquantes de cette esthétique, en littérature, en musique, au cinéma. Une lecture fort attrayante qui permet d'enrichir notre réflexion au sujet de ce courant culturel.

Le romancier Marc Dufaud a également consacré un essai aux Décadents français, un "mouvement" littéraire (en fait, on devrait plutôt parler d'une esthétique) qui se caractérisait par un attrait pour l'interdit, le faisandé, l'étrange, le hors-normes... On peut penser à des noms connus des littéraires (Huysmans ou Mirbeau, par exemple) ou à d'autres auteurs plus oubliés mais néanmoins fort intéressants, tel Jean Lorrain, chroniqueur mondain qui trempait sa plume acide à même l'éther qu'il utilisait pour visiter des paradis artificiels peu communs. Lorrain écrivit aussi plusieurs textes littéraires (romans, nouvelles, théâtre, poésie) qu'il illuminait d'un style intelligent et fort évocateur.

Autre livre particulier, le Dictionnaire diabolique permet de frayer avec l'occulte. Le genre de livres qui me fait me réveiller, la nuit, dans la maison au fond de l'impasse sans être trop certain de distinguer le réel de l'imaginaire... Lecture troublante qui nous présente le Diable dans plusieurs de ses manifestations : culture, philosophie, religion, bien sûr. On peut donc croire, comme l'affirme le titre de ce film que Jean Beaudin renia en 1972 - car le producteur l'avait remonté à son insu -, que Le Diable est parmi nous.
Les amoureux du cinéma ne sont pas délaissés par le biais de L'Enfer du cinéma, un livre consacré à tous ces films maudits que le destin semble poursuivre d'une main vengeresse. Films en proie à des problèmes de tout ordre : producteur fou, acteurs incontrôlables, destruction injustifiée, censure, etc. Hélas, on a oublié ce fameux Le Diable est parmi nous dont je parlais plus haut, rare cas de film québécois "occulte" avec, au menu, rien de moins Daniel Pilon, Louise Marleau et Danielle Ouimet... Plus un très étrange personnage satanisant que tout le monde surnomme "grand-mère". Le film de Baudin - je digresse, mais peu importe - se termine par une citation de Baudelaire et par des statistiques très bizarres au sujet de disparitions qui surviennent chaque jour dans le monde, disparitions qu'on attribue à la présence de sectes sataniques en quête de victimes à sacrifier. Récemment, SCALI publiait Dans les griffes de la Hammer, une thèse de doctorat (remaniée pour la publication) consacrée à la réception critique française des films de la célèbre firme britannique. Ce livre fort intéressant est rehaussé d'entretiens accordés par des journalistes et critiques importants. On signalera également le Dico du rock'n'roll au cinéma qui présente et fait découvrir un cinéma qui déménage, rock dans l'esprit ou dans la bande son. L'éditeur a bien résumé ce dont il s'agit : "films de plages, films de motards, films satanistes déviants, films bubble-gum avec des gauchistes sortis de Hanna & Barbera et folies psychédéliques sorties du swinging London… L'ouvrage propose un panorama de la culture pop au cinéma. Des films rock avec les Beatles, les Rolling Stones, les Pink Floyd, Elvis Presley, Les Sex Pistols et Led Zeppelin aux ovnis clinquants que sont Les Spotnicks, Tomorow, Slade, The Phynx, du cinéma d'auteur au cinéma d'exploitation.
Mods, punks romantiques, vampire hippies, femmes fatales pop art, blousons noirs et espions pour rire se rencontrent au sein d'une folle sarabande pop réunie pour la première fois dans un seul ouvrage."

Qui dit mieux ?