Chaque année, une visite au festival Fantasia s'impose pour une foule de raisons : d'abord, la diversité de la programmation, qui permet de découvrir des oeuvres surprenantes, mais aussi de le faire sur grand écran, ce qui est une occasion rare d'apprécier ces films dans des conditions souvent optimales. Ensuite, l'ambiance électrique stimule la créativité et donne le goût d'être productif. Enfin, l'occasion de voir et revoir des amis, d'échanger, de vibrer.Mon passage à Fantasia fut bref, cette année, en raison d'engagements musicaux (quelques spectacles, notamment, donnés avec le groupe UN). J'étais à Montréal du 13 au 16. J'aurais aimé pouvoir rencontrer David Hess, le légendaire acteur du film culte The Last House on the Left, mais aussi de La Proie de l'autostop (superbe film avec Franco Nero et la musique de Morricone). Hess, musicien doué, a également écrit de très bonnes chansons. J'aurais été curieux, aussi, de voir Jose Mojica Marins, qui venait présenter son plus récent film... J'en serai quitte pour me contenter du compte rendu que voudront bien me faire quelques amis.Quelques commentaires sur ce que j'ai pu voir :
Book of Blood, d'après l'auteur Clive Barker. Adaptation très sage de deux récits de Barker (fusionnés pour donner lieu à une seule intrigue, il ne s'agit donc pas d'un film à sketches), cette histoire de maison hantée s'autodétruit avec une vigueur gênante à cause de son esthétique de téléfilm et de son manque d'audace scénaristique et visuelle. On ne sent pas tellement l'esprit de Clive Barker dans ce film tourné pour une diffusion télé (il sera présenté au SciFi Channel prochainement). Pas de quoi s'empêcher de dormir la nuit, d'ailleurs, à peine quelques jours après le film, j'arrive peu à m'en souvenir, ce qui n'est pas très bon signe. Dommage pour les fans de Barker, un auteur assez mal servi par le cinéma, il faut le dire. Bien qu'il ait un imaginaire personnel qui aborde certains thèmes audacieux, je dois aussi ajouter que je ne suis pas un fan de cet auteur.
Cette projection fut suivie par The Immaculate Conception of Little Dizzle, un film à prendre au trentième degré. Cette histoire de concierges qui deviennent "enceints" de curieuses créatures mutantes à cause de biscuits expérimentaux n'est pas du grand cinéma, bien qu'on puisse s'y amuser en faisant preuve d'une certaine ouverture d'esprit. On se retrouve devant un produit un peu vulgaire, dont l'intérêt majeur est sans doute la personnalité des protagonistes - certains sont assez amusants, notamment un artiste "d'avant-garde" qui règne sur une armée de concierges hauts en couleur. Le tout se veut grotesque, mais ça se laisse regarder avec le même état d'esprit qui présiderait au visionnement d'un John Waters ou d'une série B trash à voir à trois heures du matin.
Mon ami Patrick (chez qui je logeais) et moi avons sagement regagné nos quartiers après ce spectacle singulier. Le lendemain, journée de bouquinistes sur Mont-Royal et Saint-Denis. Hélas pour moi, aucune récolte de livres improbables ! Avant d'accuser le destin, je serai au moins juste en disant que ma dernière visite au Marché aux Puces de Trois-Rivières fut surprenante, compensant l'absence de livres insolites lors de cette virée qui aura eu le mérite de nous tenir en forme.
On remet ça à Fantasia dès 19 heures pour le film japonais Instant Swamp, sans contredit ma plus belle découverte du festival de cette année. Ce n'est pas un film fantastique, c'est un comédie à la fois éclatée et touchante qui foisonne d'idées lumineuses et de vitalité. La salle a été rapidement gagnée par l'énergie et l'enthousiasme de ce film réussi à tous les points de vue (esthétique, scénaristique, interprétation, timing humoristique, etc.).C'est le genre de scénario que j'aimerais bien écrire, avec des personnages excentriques, mais très vivants. On constate aussi, par le biais de ce film, que, d'une certaine façon, on vit dans le monde qu'on se crée soi-même. Cela m'a rappelé certaines idées de Jean Rollin par rapport à la "réalité". Ce que Rollin dit, en gros, dans certains livres, c'est : "S'il me plaît, lors d'une promenade, d'imaginer que je croise un homme à tête d'oiseau sur mon chemin, rien ne m'empêche de le faire... et de le voir réellement". Il ne s'agit pas là du déni du réel, mais bien de son enrichissement, de sa transfiguration. Les enfants, comme on le sait, possèdent ce pouvoir que, bien souvent, l'éducation et les conventions font disparaître. Préférez-vous vivre dans une réalité banale et prévisible ? J'ai choisi mon camp depuis longtemps, d'où un certain goût du baroque que je traque dans ses manifestations les plus quotidiennes. Voyez par exemple cette photo que j'ai prise chez ma soeur à Noël, où son chat s'invitait tout à coup comme convive distingué (ce même chat, Sushi, a l'habitude très drôle d'ouvrir la porte-patio pour laisser sortir un deuxième chat, Sasha. Sushi, qui sait bien qu'aucun félin n'a le droit de sortir de cette maison, se contente de regarder l'autre vagabonder illicitement... après lui avoir ouvert la porte, quand même !).Instant Swamp, donc, une petite merveille de comédie "réalisme magique" à la fois émouvante et très drôle, constamment inventive. On enchaîne avec Dread, toujours d'après Clive Barker. Mieux réussi que Book of Blood, le film n'est quand même pas un incontournable : on suit les expériences d'un groupe d'étudiants qui décide de faire un travail de session sur la peur. J'avais lu la nouvelle voilà très longtemps (au moment où j'étudiais pour passer mon cours de conduite automobile !). Le film lui est fidèle. On ne sent pas forcément une grande personnalité dans la mise en scène, très classique. Quelques passages sont efficaces et réussissent à provoquer le malaise. L'ensemble n'est cependant pas sans défauts, hésitant entre un parti-pris grand-guignolesque et une volonté de créer un drame au premier degré. Le réalisateur a répondu adéquatement aux questions du public. Disons que c'est un film correct...Mercredi, deux films, encore. D'abord, le film japonais The Clone Returns Home, qu'on qualifie de "film de science-fiction cérébral". L'expression n'est pas mal trouvée. Le film est soigné, sur le plan esthétique et artistique, c'est indéniable, mais j'avoue ne pas avoir aimé du tout. Pourquoi ? D'abord, sa grande froideur en dépit du fait qu'il tente de présenter une crise existentielle et quasi-métaphysique, optant pour un pathos surchargé qui sombre dans le mélodrame glacial. Il n'y a jamais une once de lumière dans ce film qui se veut toutefois réaliste, ce qui me semble assez contradictoire. On y privilégie un rythme extrêmement lent, ce qui n'est pas un défaut, mais encore faut-il que l'envoûtement se produise. J'ai pensé à deux reprises aux propos du cinéaste Jess Franco pendant cette projection. Franco qui disait ne pas aimer les films "de paysans lents", ces films d'art et d'essai où on voit un paysan entrer dans le champ de la caméra, à gauche, et cheminer (en plan large) lentement jusqu'à la droite... Le tout de manière contemplative. On retrouve ce genre de scènes à plusieurs reprises dans The Clone Returns Home. Ensuite, Franco, toujours, a souvent affirmé que vouloir faire un film pour passer un message est futile ; je dois admettre que je suis assez d'accord avec lui : il vaut mieux laisser aux spectateurs le soin de tirer leurs propres conclusions. S'il y a un message, il passera par le biais des événements racontés, mais à trop vouloir le souligner, le rendre explicite, même, par les dialogues et les réflexions des personnages, on se retrouve devant une oeuvre lourdement didactique dont la subtilité n'est pas du tout l'un des points forts. Cela séduira peut-être les critiques, mais me laisse de glace. Peut-être suis-je trop un être "de feu" pour succomber aux charmes congelés de ce film frigorifique, moi qui ai tendance à privilégier les passions latines, les préférant à la réserve et à la retenue dites "de bon goût".Dernier film vu, enfin, le thriller français Mutants, dont le périodique Mad Movies avait dit beaucoup de bien. Déception devant un scénario mille fois vu : un petit groupe doit se battre contre des mutants dans un lieu clos. Le tout généreusement assaisonné de gore très "adolescent". Le film se veut dramatique et au premier degré, mais devient grotesque par le biais de dialogues presque pataphysiques, d'une musique techno absolument à côté de la plaque, d'effets par ordinateur approximatifs. On en vient à espérer que la fin approche.Ensuite, nous nous rendons au Irish Embassy, pub irlandais où l'équipe de Fantasia se réunit souvent en fin de soirée pour partager ses enthousiasmes. Longue discussion avec Pat sur tout et rien, la création, le cinéma, etc., passionnant, comme toujours. Nous rejoignent à un moment donné notre ami Simon Laperrière (l'un des programmateurs du festival, que je remercie d'ailleurs pour sa collaboration), Mitch Davis et Karim Hussain (lequel remarque à regret que notre grande table est uniquement composée d'hommes, ce qui donne des cinéphiles fantastiqueurs une assez piètre image...! Cet état de fait changera heureusement après un petit moment). La discussion se poursuit abordant des sujets aussi variés que les livres de l'écrivain français Michel Butor, des scénarios en cours d'adaptation et d'autres histoires peu racontables sur un blogue. J'en profite pour remercier Philippe Spurrell, de Fantasia, qui fut également très chaleureux et sympathique. Philippe organise la semaine prochaine (le 22 juillet) une projection qui promet, un étrange film onirique finlandais, Le Renne blanc, précédé d'une rareté québécoise au titre délirant : Le Poulailler des temps perdus (1977). Il nous en a parlé avec un enthousiasme communicatif.C'est avec une certaine nostalgie, par conséquent, que je suis revenu chez moi avec un bagage de souvenirs et de moments joyeux. J'ai retrouvé mon chat jaune, beaucoup de courriels dans ma boîte de réception et une foule de projets à faire. À 2010 !Merci spéciaux à Patrick Lambert, Simon Laperrière et Philippe Spurrell.
17 juillet 2009
01 juillet 2009
Soubresauts montréalais
Régulièrement, je vais à Montréal pour visiter un cercle d'amis cinéphiles et chers à mon coeur. Je reviens toujours de ces rencontres ressourcé et avec un sentiment de légèreté. On a notre petit rituel pas très compliqué : se rencontrer à l'heure convenue, aller parfois fouiner un peu à L'Échange, sur Mont-Royal, puis souper entre amis et apprécier une soirée psychotronique à la Brasserie Cherrier, rue St-Denis, endroit haut en couleur au décor kitsch et dont l'un des employés ressemble de façon troublante à l'un des malfrats du film de Wes Craven The Last House on the Left.On trouve également là un juke-box que nous alimentons parfois de succès douteux. Notre dernière trouvaille : on paie le même prix pour un morceau qui dure 2 minutes... ou pour une chanson qui en dure 17. Tentative vérifiée en faisant jouer le hit psychédélique d'Iron Butterfly (groupe psyché US qui sévit à la fin des années 60 et au courant des seventies), "In-A-Gadda-da-Vida", qui figurait parmi les sélections disponibles de ce juke-box. Commentaire de ma part en voyant ce titre:
- Non, ils n'ont pas osé ? Ça doit être une version écourtée.Il fallait confirmer, et aussitôt l'expérience amorcée, ça part pour 17 minutes de solos d'orgue acid, de guitare fuzzy, de rythmiques tribales avec... impensable... un long solo de batterie à mi-chemin ! On décide donc de maximiser notre investissement en choisissant systématiquement des pièces de 12, 13, 14 minutes, ce qu'on parvient à faire, métamorphosant notre petite mise monétaire en choix de DJ improbable et avide de chansons interminables. L'expérience fut rigolote et assez en phase avec le caractère kitsch du Cherrier.Ce caractère kitsch m'amène à vous parler d'un ouvrage assez amusant de Sébastien Diaz paru aux éditions La Presse et qu'une amie à moi, Gayle, a porté à mon attention voilà quelques mois : Montréal kitsch. L'ouvrage se veut une sorte de guide touristique qui présente 98 endroits pittoresques. Après une définition du terme kitsch et quelques exemples ("Vieux panaches d'orignaux, chemises western en polyester authentiques des années 70, lunettes de secrétaire en peau de crocodile... Lorsque ce qui a pu être out prend une allure définitivement in"), le parcours commence avec la liste des "incontournables" (notamment le Métro de Montréal - bien sûr, mais il fallait y penser ! Diaz décrit l'endroit ainsi : "Un véritable melting-pot de formes et de couleurs dont le côté kitsch est indéniable. Pastilles bleues semblant sorties d'un décor de Passe-Partout, mosaïques nous ramenant au macramé des années 70, briquetage jaune-orange digne de la cafétéria du cégep le plus reculé..."-, les Pyramides olympiques, l'Auditorium de Verdun "avec son look de grand entrepôt en tôle" et le Cinéma l'Amour où, plutôt que sur l'écran, c'est dans la salle "que semble se dérouler le gros de l'action").On trouvera aussi une liste d'endroits où manger, parmi lesquels le Restaurant Blanche-Neige (une murale immense représente "Blanche-Neige et ses sept nains [...] peints à même la structure du restaurant, en version panorama". On ne s'étonnera pas d'apprendre que "le Blanche-Neige a littéralement de quoi transformer une lasagne gratinée de fin de soirée en spectacle hallucinogène à grand déploiement) et le Spirite Lounge, "tenu par un hippie pur et dur autobaptisé Rozman et dégageant une forte odeur de patchouli". Où boire ? La Taverne Cou-Cou dont le groupe résidant, le duo Unisson, mêle "bandes préenregistrées à des solos de bongo, de tambourine ou de guitare, la musique de la formation musicale la plus psychotronique en ville" ; la Brasserie de Nos Aïeux ("L'enseigne au-dessus des machines de vidéopoker est formelle : SVP, un joueur par appareil") ; le Barfly ("Peut-être est-ce le vieux piano droit poussiéreux, le buste d'Elvis à la peinture écaillée ou le panneau de carton grandeur nature de Saku Koivu à la jambe manquante qui donnent l'impression très profonde de se retrouver dans le débarras ou le sous-sol d'un vieil oncle "ramasseux" d'objets inutiles. À moins que ce ne soit le vieux jeu de dards, la table en bois datant de l'âge de pierre ou les murs en ciment bleu marin qui confèrent à l'endroit le charme d'une salle de lavage de sous-sol de HLM") ?Où dormir ? Au motel Lido, après un passage par son Salon Chabord, "véritable cachot médiévo-cheapo" ! Où faire son shopping ? Chez Ameublements Elvis (le proprio se rendit à Vegas pour avoir le droit d'utiliser le nom du King pour son commerce), Dollar découverte (si vous cherchez "un tapis volant de Turquie, une épée de ninja ou une imitation de vase Ming en plastique vert fluo") ou Méga Dollar (Diaz cite quelques propos entendus là-bas : "Est-ce qu'il y a une limite d'articles par client ?" ; "Je ne trouve le rayon des pneus de voiture"). Où se divertir ? Des soirées de lutte au Centre saint-Barthélémy en passant par le Café chrétien de Montréal, le Bowling Darling, le Bingo Mont-Royal... On n'oubliera pas une épicerie vaudou et un plan d'attaque pour vivre une "journée kitsch" de même que quelques annexes bien utiles.(Photo d'une virée dans un autre bar halluciné de Montréal, le "Davidson" où une poète renommée de Montréal nous avait entraînés un soir, un - grand - ami et moi).
En gros, l'ouvrage (dont la page de gauche contient une photo et chaque page de droite, une présentation d'un endroit kitsch) se lit avec le sourire et permet d'immortaliser un monde qui est en train de disparaître. Il serait bien amusant d'en faire autant pour la Mauricie, je pense d'ailleurs à certains endroits pas trop loin de chez moi, comme ce Bar Rétro dont l'enseigne annonce : "Elvis, Beatles, Beach Boy", comme si le budget réduit du bar lui permettait seulement de faire entendre aux clients un seul des Beach Boys.Quand je me retrouve dans un tel endroit (ce qui n'arrive pas si souvent qu'on serait tenté de le croire), je me dis souvent que j'assiste aux derniers soubresauts d'une sous-culture qui retournera bientôt au limon originel dont quelque démiurge imprévisible l'a tirée au sortir d'un rêve fiévreux qu'il confondait sans doute avec l'état de veille...
- Non, ils n'ont pas osé ? Ça doit être une version écourtée.Il fallait confirmer, et aussitôt l'expérience amorcée, ça part pour 17 minutes de solos d'orgue acid, de guitare fuzzy, de rythmiques tribales avec... impensable... un long solo de batterie à mi-chemin ! On décide donc de maximiser notre investissement en choisissant systématiquement des pièces de 12, 13, 14 minutes, ce qu'on parvient à faire, métamorphosant notre petite mise monétaire en choix de DJ improbable et avide de chansons interminables. L'expérience fut rigolote et assez en phase avec le caractère kitsch du Cherrier.Ce caractère kitsch m'amène à vous parler d'un ouvrage assez amusant de Sébastien Diaz paru aux éditions La Presse et qu'une amie à moi, Gayle, a porté à mon attention voilà quelques mois : Montréal kitsch. L'ouvrage se veut une sorte de guide touristique qui présente 98 endroits pittoresques. Après une définition du terme kitsch et quelques exemples ("Vieux panaches d'orignaux, chemises western en polyester authentiques des années 70, lunettes de secrétaire en peau de crocodile... Lorsque ce qui a pu être out prend une allure définitivement in"), le parcours commence avec la liste des "incontournables" (notamment le Métro de Montréal - bien sûr, mais il fallait y penser ! Diaz décrit l'endroit ainsi : "Un véritable melting-pot de formes et de couleurs dont le côté kitsch est indéniable. Pastilles bleues semblant sorties d'un décor de Passe-Partout, mosaïques nous ramenant au macramé des années 70, briquetage jaune-orange digne de la cafétéria du cégep le plus reculé..."-, les Pyramides olympiques, l'Auditorium de Verdun "avec son look de grand entrepôt en tôle" et le Cinéma l'Amour où, plutôt que sur l'écran, c'est dans la salle "que semble se dérouler le gros de l'action").On trouvera aussi une liste d'endroits où manger, parmi lesquels le Restaurant Blanche-Neige (une murale immense représente "Blanche-Neige et ses sept nains [...] peints à même la structure du restaurant, en version panorama". On ne s'étonnera pas d'apprendre que "le Blanche-Neige a littéralement de quoi transformer une lasagne gratinée de fin de soirée en spectacle hallucinogène à grand déploiement) et le Spirite Lounge, "tenu par un hippie pur et dur autobaptisé Rozman et dégageant une forte odeur de patchouli". Où boire ? La Taverne Cou-Cou dont le groupe résidant, le duo Unisson, mêle "bandes préenregistrées à des solos de bongo, de tambourine ou de guitare, la musique de la formation musicale la plus psychotronique en ville" ; la Brasserie de Nos Aïeux ("L'enseigne au-dessus des machines de vidéopoker est formelle : SVP, un joueur par appareil") ; le Barfly ("Peut-être est-ce le vieux piano droit poussiéreux, le buste d'Elvis à la peinture écaillée ou le panneau de carton grandeur nature de Saku Koivu à la jambe manquante qui donnent l'impression très profonde de se retrouver dans le débarras ou le sous-sol d'un vieil oncle "ramasseux" d'objets inutiles. À moins que ce ne soit le vieux jeu de dards, la table en bois datant de l'âge de pierre ou les murs en ciment bleu marin qui confèrent à l'endroit le charme d'une salle de lavage de sous-sol de HLM") ?Où dormir ? Au motel Lido, après un passage par son Salon Chabord, "véritable cachot médiévo-cheapo" ! Où faire son shopping ? Chez Ameublements Elvis (le proprio se rendit à Vegas pour avoir le droit d'utiliser le nom du King pour son commerce), Dollar découverte (si vous cherchez "un tapis volant de Turquie, une épée de ninja ou une imitation de vase Ming en plastique vert fluo") ou Méga Dollar (Diaz cite quelques propos entendus là-bas : "Est-ce qu'il y a une limite d'articles par client ?" ; "Je ne trouve le rayon des pneus de voiture"). Où se divertir ? Des soirées de lutte au Centre saint-Barthélémy en passant par le Café chrétien de Montréal, le Bowling Darling, le Bingo Mont-Royal... On n'oubliera pas une épicerie vaudou et un plan d'attaque pour vivre une "journée kitsch" de même que quelques annexes bien utiles.(Photo d'une virée dans un autre bar halluciné de Montréal, le "Davidson" où une poète renommée de Montréal nous avait entraînés un soir, un - grand - ami et moi).
En gros, l'ouvrage (dont la page de gauche contient une photo et chaque page de droite, une présentation d'un endroit kitsch) se lit avec le sourire et permet d'immortaliser un monde qui est en train de disparaître. Il serait bien amusant d'en faire autant pour la Mauricie, je pense d'ailleurs à certains endroits pas trop loin de chez moi, comme ce Bar Rétro dont l'enseigne annonce : "Elvis, Beatles, Beach Boy", comme si le budget réduit du bar lui permettait seulement de faire entendre aux clients un seul des Beach Boys.Quand je me retrouve dans un tel endroit (ce qui n'arrive pas si souvent qu'on serait tenté de le croire), je me dis souvent que j'assiste aux derniers soubresauts d'une sous-culture qui retournera bientôt au limon originel dont quelque démiurge imprévisible l'a tirée au sortir d'un rêve fiévreux qu'il confondait sans doute avec l'état de veille...
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