Sur le site de VENTS D'OUEST, on trouve désormais la page couverture et le quatrième de couverture de Comme un goût d'aurore sur une idée fixe, à paraître cet automne. C'est ici : http://www.ventsdouest.ca/Livres.asp?IDL=274
On m'a également demandé de participer au 2008 International Short Film Jury, dans le cadre du festival montréalais Fantasia, voué à la célébration des films qui sortent de l'ordinaire. Les autres jurés sont le cinéaste canadien Gerald Potterton, la critique Helen Faradji (revue 24 images), Anna Feder (du Boston Underground Film Festival) et Don May Jr (de Synapse Films, un label DVD de qualité). On en sait plus ici : http://www.fantasiafest.com/2008/fr/jury/
Cette année, Fantasia nous surprendra sans doute encore avec une sélection d'oeuvres atypiques, sauvages et passionnelles. C'est toujours l'occasion de rencontrer des personnalités fort intéressantes et, année après année, je reviens du festival avec des souvenirs inoubliables.
En 1997, par exemple, un groupe d'amis et moi nous étions retrouvés dans un pub irlandais au décor étonnant (je crois qu'il s'agissait du St-Elisabeth) en compagnie de gens comme le cinéaste Jim Van Bebber, Nacho Cerda, quelques journalistes anglais (Jason Slater, je crois), le musicien Glen Wilcox du groupe californien Alucarda... Il y avait aussi, si je me rappelle bien, Harvey Fenton, le responsable de FAB Press (éditeur anglais qui publie des livres consacrés au cinéma "culte").Il y eut aussi ce moment complètement improbable où, l'an dernier, nous cheminions avec un Jean Rollin fatigué à qui certaines personnes avaient recommandé de manger une poutine ! Connaissant l'état de santé du réalisateur, nous lui avions fortement suggéré d'opter pour un choix plus santé...
Plus que les films eux-mêmes (qui sont parfois marquants), ce sont ces souvenirs, placés sous le signe de la convivialité, de la chaleur, de l'amitié et du partage dont je me rappelle le plus. Ils viennent parfois chasser le spleen lorsqu'il s'installe un peu trop dans la maison au fond de l'impasse...
27 juin 2008
21 juin 2008
Chez qui la nuit soupirera-t-elle ?
C'est signé et confirmé : mon roman La nuit soupire quand elle s'arrête paraîtra chez automne (août) chez La Veuve noire éditrice. Pour avoir une idée de l'esthétique et du style de ce roman surréalisant, on peut lire "Nocturne", la nouvelle qui ouvre mon recueil À l'intention des ombres. La narratrice, qui tient le rôle principal, est la même : Ariane.
Mes lectures du moment se sont portées vers Gaston Leroux, un maître du roman étrange qu'on a tendance à oublier. Leroux parsemait ses textes de phrases en italique qui, si elles pouvaient être lues au premier degré, donnaient une étrange coloration à ses romans. Pleinement conscient de leur valeur onirique et de leur bizarrerie intrinsèque, il les semait tout au long de ses romans en attirant l'attention sur elles par le recours aux italiques. En les colligeant, on aboutit à de très curieux vers dont la poésie insolite n'a pas fini de chatoyer.
Cette année, c'est un classique de Leroux que je lis, Le Fantôme de l'opéra, l'une de ces oeuvres que tout le monde connaît sans l'avoir lue. Leroux fut souvent trahi au cinéma (je pense à la récente adaptation du Mystère de la chambre jaune : un blasphème, rien de moins !). Aucun film, aucun musical n'a réussi à rendre le style très curieux de ce livre. On retrouve une bonhomie très particulière, propre à l'auteur, de même qu'un humour décalé dans la narration. Son fantôme entretient aussi une correspondance assez originale avec les directeurs de l'opéra. Beaucoup moins unidimensionnel que l'amoureux défiguré qu'on connaît, il est, ici, assez surprenant... mais, bien sûr, il ne fallait pas s'attendre à moins de la part de Leroux, que beaucoup d'auteurs lettrés ont salué, notamment Cocteau qui préfaça jadis Le Mystère de la chambre jaune de façon admirative...
Cette année, c'est un classique de Leroux que je lis, Le Fantôme de l'opéra, l'une de ces oeuvres que tout le monde connaît sans l'avoir lue. Leroux fut souvent trahi au cinéma (je pense à la récente adaptation du Mystère de la chambre jaune : un blasphème, rien de moins !). Aucun film, aucun musical n'a réussi à rendre le style très curieux de ce livre. On retrouve une bonhomie très particulière, propre à l'auteur, de même qu'un humour décalé dans la narration. Son fantôme entretient aussi une correspondance assez originale avec les directeurs de l'opéra. Beaucoup moins unidimensionnel que l'amoureux défiguré qu'on connaît, il est, ici, assez surprenant... mais, bien sûr, il ne fallait pas s'attendre à moins de la part de Leroux, que beaucoup d'auteurs lettrés ont salué, notamment Cocteau qui préfaça jadis Le Mystère de la chambre jaune de façon admirative...
Je vous laisse aux portes du paradis, que j'ai photographiées récemment, lors d'un safari-photo voué aux manifestations québécoises de l'americana (les autres photos qui agrémentent ce texte furent prises la même journée).
16 juin 2008
L'abomination de la semaine
Dans la biographie de Siouxsie and the Banshees, on trouve un passage assez amusant où sont cités les propos du bassiste du groupe, Steve Severin (Severin, en référence au Velvet Underground, bien sûr, mais, par le recours à une double intertextualité, au roman - un peu minable, il faut bien le dire - de Sacher-Masoch, La Vénus en fourrure qui donna son titre à une superbe chanson du Velvet...). Severin raconte que, dans le studio où son groupe commençait l'enregistrement du premier album (The Scream, 1978), "there were dozens of reels of two-inch tape stacked by the console window. They were recordings of Yes jam sessions that probably ended up as a quadruple album. My great regret is that I didn't have the foresight to run a magnet down them and erase everything. I could have saved the world a lot of pain" (p. 69). Il va sans dire que ce passage m'a fait beaucoup rire, car, évidemment, les Banshees sont l'antithèse du groupe progressif britannique YES, dont j'ai déjà eu des albums !
Aujourd'hui, en 2008, je considère que la musique de ce groupe est particulièrement hideuse ! Il faut dire que, même à l'époque où j'avais trois albums de Yes à la maison (comment ai-je pu réussir à dormir ?), je ne les aimais pas. On (entendre : les musiciens avec qui je travaillais occasionnellement) m'avait répété que c'étaient de super-virtuoses, un groupe d'une densité incroyable, etc. En définitive, leur musicalité se bornait surtout à jouer des solos en même temps (l'un des buts : mettre le plus de notes possibles à la plus grande vitesse possible pour épater la galerie). Le claviériste Rick Wakeman reprenait des motifs de musique classique qu'il signait de son nom. Un public béat admirait donc son... talent... alors qu'il s'agissait de plagiat maladroit. On peut dire la même chose du claviériste KEITH EMERSON, de Emerson, Lake and Palmer, qui piqua à Bartok (compositeur classique) son Allegro Barbaro, le rebaptisant The Barbarian sur le premier album de son groupe... et le signant de son nom, sans faire nulle part mention du compositeur original. Bravo, champion !
À l'époque, j'avais déjà l'impression que les "mélodies" de Yes étaient plutôt laides, que tout cela sentait l'effort, que c'était confus et d'une grande platitude. J'avais même l'album double Tales from Topographic Oceans, un disque soporifique où les membres du groupe excellaient dans le domaine de la contre-performance. En définitive, on était bien éloigné du danger, de l'intensité et de l'urgence qui sont souvent la clé du meilleur rock. Trop de calcul, trop de cérébralité, trop de conceptualisation, trop de tape-à-l'oeil. Peut-on être ému en écoutant un disque de Yes ? (On peut, à la rigueur, ressentir un sentiment d'horreur, mais ce n'est pas ce que je veux évoquer ici).
C'est avec grand soulagement que je pus revendre ces CD à je ne sais plus quel fan du genre. Qui sait s'il est parvenu à écouter ces albums à quelques reprises ?
Constatant l'inexplicable bonne réputation du groupe auprès de certains fans de classic-rock, je me suis même demandé si j'étais seul dans mon camp, jusqu'à ce que paraisse un article dans le Rock & Folk d'août 2004. Le papier, signé Nicolas Ungemuth, s'intitulait La Fête Yes. Il s'agissait d'un compte-rendu d'un spectacle donné au Zénith. Je craignais un éloge en règle du groupe, mais qu'allait-on pouvoir dire ? Que les musiciens jouaient vite...? Oui, mais à part ça ? Ungemuth raconte qu'il entend d'abord, en arrivant près du Zénith, un enfant de dix ans avec son oncle :
"Tu sais, j'ai jamais vu de concert..." Pauvre gosse... Même pas dix ans qu'on le traîne à un concert de Yes. Après, on s'étonnera, on dira qu'il est lent à l'école, qu'il a du vague à l'âme [...]."
Ungemuth, qui a deux billets, essaie en vain de donner son second billet sans trouver preneur ! Il entre quand même dans la salle :
"Là, c'est le choc ! C'est vide... Parsemé de gars [...]. D'autres sont carrément en famille. Le père sans cou, la mère sans cou et les nains sans cous... Un individu arbore un T-shirt Dieu soit loué... Je suis perplexe. Un tour au bar révèle une caractéristique rarement étudiée du Yesman. Le Yesman ne boit pas des bières [...], il mange des sandwiches ! Avec une nette préférence pour les thon mayonnaise. Des thon mayonnaise partent par dizaines, les Yesmen sont tout contents avec leurs sachets pleins de mie... L'un d'eux a un T-shirt Quadrophenia, ce qui me conforte dans ma prime impression : cet album des Who a toujours été ignoble [...]. Jamais vu le Zénith aussi vide [...]. On peut aller toucher la scène en dix secondes, on peut se promener, on pourrait faire une partie d'échecs ! [...]
Soudain, une symphonie quelconque réveille cette masse et le voile se lève... Mince ! Quel décor ! Des anémones de mer en nylon jaune toutes gonflées sont là comme des gros champignons flottants tandis qu'une sorte de moule géante se lève et se transforme en crabe. Ces Yes [...] arrivent, terrifiants. Le guitariste [...] ressemble au valet bossu de Dracula, celui qui ouvre la porte en courbant l'échine. Le clavier est un spectre blond coiffé à la duguesclin et le chanteur a l'air directement sorti du groupe Toto avec un beau brushing et des mèches impeccables [...]. Mais c'est le bassiste qui est le plus remarquable. Une sorte de vilain géant avec une phénoménale mullet (coupe Longueuil). On dirait un ancien footballeur yougoslave [...]. Toute cette fine équipe salue la salle presque vide et attaque fissa un morceau ignoble. C'est parti ! À côté de moi, un aimable quinquagénaire se lance immédiatement dans un solo de guitare invisible tandis que sa femme au fort tonnage l'observe avec un sourire attendri façon vas-y chéri, ce soir c'est ta fête. Tout autour, ils sont plein à manger des sandwiches thon mayonnaise, les yeux écarquillés comme des lémuriens malgaches. Tout d'un coup, les anémones gonflantes se rapprochent de la batterie et font mine d'agiter des baguettes en rythme. Le public est médusé, n'en revient pas: on dirait des pygmées découvrant le cinéma".
Le reste de l'article est à l'avenant ! De quoi dédier Ferme ta gueule à Jon Anderson !
Aujourd'hui, en 2008, je considère que la musique de ce groupe est particulièrement hideuse ! Il faut dire que, même à l'époque où j'avais trois albums de Yes à la maison (comment ai-je pu réussir à dormir ?), je ne les aimais pas. On (entendre : les musiciens avec qui je travaillais occasionnellement) m'avait répété que c'étaient de super-virtuoses, un groupe d'une densité incroyable, etc. En définitive, leur musicalité se bornait surtout à jouer des solos en même temps (l'un des buts : mettre le plus de notes possibles à la plus grande vitesse possible pour épater la galerie). Le claviériste Rick Wakeman reprenait des motifs de musique classique qu'il signait de son nom. Un public béat admirait donc son... talent... alors qu'il s'agissait de plagiat maladroit. On peut dire la même chose du claviériste KEITH EMERSON, de Emerson, Lake and Palmer, qui piqua à Bartok (compositeur classique) son Allegro Barbaro, le rebaptisant The Barbarian sur le premier album de son groupe... et le signant de son nom, sans faire nulle part mention du compositeur original. Bravo, champion !
À l'époque, j'avais déjà l'impression que les "mélodies" de Yes étaient plutôt laides, que tout cela sentait l'effort, que c'était confus et d'une grande platitude. J'avais même l'album double Tales from Topographic Oceans, un disque soporifique où les membres du groupe excellaient dans le domaine de la contre-performance. En définitive, on était bien éloigné du danger, de l'intensité et de l'urgence qui sont souvent la clé du meilleur rock. Trop de calcul, trop de cérébralité, trop de conceptualisation, trop de tape-à-l'oeil. Peut-on être ému en écoutant un disque de Yes ? (On peut, à la rigueur, ressentir un sentiment d'horreur, mais ce n'est pas ce que je veux évoquer ici).
C'est avec grand soulagement que je pus revendre ces CD à je ne sais plus quel fan du genre. Qui sait s'il est parvenu à écouter ces albums à quelques reprises ?
Constatant l'inexplicable bonne réputation du groupe auprès de certains fans de classic-rock, je me suis même demandé si j'étais seul dans mon camp, jusqu'à ce que paraisse un article dans le Rock & Folk d'août 2004. Le papier, signé Nicolas Ungemuth, s'intitulait La Fête Yes. Il s'agissait d'un compte-rendu d'un spectacle donné au Zénith. Je craignais un éloge en règle du groupe, mais qu'allait-on pouvoir dire ? Que les musiciens jouaient vite...? Oui, mais à part ça ? Ungemuth raconte qu'il entend d'abord, en arrivant près du Zénith, un enfant de dix ans avec son oncle :
"Tu sais, j'ai jamais vu de concert..." Pauvre gosse... Même pas dix ans qu'on le traîne à un concert de Yes. Après, on s'étonnera, on dira qu'il est lent à l'école, qu'il a du vague à l'âme [...]."
Ungemuth, qui a deux billets, essaie en vain de donner son second billet sans trouver preneur ! Il entre quand même dans la salle :
"Là, c'est le choc ! C'est vide... Parsemé de gars [...]. D'autres sont carrément en famille. Le père sans cou, la mère sans cou et les nains sans cous... Un individu arbore un T-shirt Dieu soit loué... Je suis perplexe. Un tour au bar révèle une caractéristique rarement étudiée du Yesman. Le Yesman ne boit pas des bières [...], il mange des sandwiches ! Avec une nette préférence pour les thon mayonnaise. Des thon mayonnaise partent par dizaines, les Yesmen sont tout contents avec leurs sachets pleins de mie... L'un d'eux a un T-shirt Quadrophenia, ce qui me conforte dans ma prime impression : cet album des Who a toujours été ignoble [...]. Jamais vu le Zénith aussi vide [...]. On peut aller toucher la scène en dix secondes, on peut se promener, on pourrait faire une partie d'échecs ! [...]
Soudain, une symphonie quelconque réveille cette masse et le voile se lève... Mince ! Quel décor ! Des anémones de mer en nylon jaune toutes gonflées sont là comme des gros champignons flottants tandis qu'une sorte de moule géante se lève et se transforme en crabe. Ces Yes [...] arrivent, terrifiants. Le guitariste [...] ressemble au valet bossu de Dracula, celui qui ouvre la porte en courbant l'échine. Le clavier est un spectre blond coiffé à la duguesclin et le chanteur a l'air directement sorti du groupe Toto avec un beau brushing et des mèches impeccables [...]. Mais c'est le bassiste qui est le plus remarquable. Une sorte de vilain géant avec une phénoménale mullet (coupe Longueuil). On dirait un ancien footballeur yougoslave [...]. Toute cette fine équipe salue la salle presque vide et attaque fissa un morceau ignoble. C'est parti ! À côté de moi, un aimable quinquagénaire se lance immédiatement dans un solo de guitare invisible tandis que sa femme au fort tonnage l'observe avec un sourire attendri façon vas-y chéri, ce soir c'est ta fête. Tout autour, ils sont plein à manger des sandwiches thon mayonnaise, les yeux écarquillés comme des lémuriens malgaches. Tout d'un coup, les anémones gonflantes se rapprochent de la batterie et font mine d'agiter des baguettes en rythme. Le public est médusé, n'en revient pas: on dirait des pygmées découvrant le cinéma".
Le reste de l'article est à l'avenant ! De quoi dédier Ferme ta gueule à Jon Anderson !
09 juin 2008
Quelques nouvelles : La rédaction de Ferme ta gueule ! avance. Ce titre me fait décidément sourire...
Les négociations à propos de La nuit soupire quand elle s'arrête se poursuivent.
Je termine en ce moment la lecture d'un roman d'André Héléna, Le Bon Dieu s'en fout, un roman noir existentialiste plus engagé que ses précédents (qui l'étaient quand même : Le Festival des macchabées et Les Salauds ont la vie dure font, d'une certaine manière, l'apologie de la liberté et de l'anarchie qui s'ensuit). C'est le livre de la déveine, de la pluie, du cafard... avec un humanisme très présent qui transparaît à chaque page, malgré le ton blasé du narrateur qui, de temps en temps, s'estompe pour laisser place à une lucidité et à une fragilité d'être blessé par la solitude, l'incompréhension et un destin difficile. Héléna décrit souvent des personnages en proie à des situations difficiles, mais, dans ce dernier livre, il atteint un sommet dans le domaine : on a vraiment l'impression de sentir une sorte de piège se refermer...
Je connais peu la biographie d'Héléna ; je parle en fait de ses années de formation. Quelle enfance a-t-il eue ? Jusqu'à quel point ce qu'il décrit de son personnage (père alcoolique, mère prostituée, enfance vécue dans un bled ouvrier gris et lourd) est-il vrai ? Disons que ça sonne quand même très véridique... L'écriture est comme toujours, fort intéressante. Il y a des comparaisons surprenantes, des liens étonnants entre des idées apparemment disparates ou qui ont peu en commun... En somme, le roman ne raconte pas énormément d'événements, tout est dans l'ambiance, dans les dialogues, dans les descriptions, dans le ton...
Les négociations à propos de La nuit soupire quand elle s'arrête se poursuivent.
Je termine en ce moment la lecture d'un roman d'André Héléna, Le Bon Dieu s'en fout, un roman noir existentialiste plus engagé que ses précédents (qui l'étaient quand même : Le Festival des macchabées et Les Salauds ont la vie dure font, d'une certaine manière, l'apologie de la liberté et de l'anarchie qui s'ensuit). C'est le livre de la déveine, de la pluie, du cafard... avec un humanisme très présent qui transparaît à chaque page, malgré le ton blasé du narrateur qui, de temps en temps, s'estompe pour laisser place à une lucidité et à une fragilité d'être blessé par la solitude, l'incompréhension et un destin difficile. Héléna décrit souvent des personnages en proie à des situations difficiles, mais, dans ce dernier livre, il atteint un sommet dans le domaine : on a vraiment l'impression de sentir une sorte de piège se refermer...
Je connais peu la biographie d'Héléna ; je parle en fait de ses années de formation. Quelle enfance a-t-il eue ? Jusqu'à quel point ce qu'il décrit de son personnage (père alcoolique, mère prostituée, enfance vécue dans un bled ouvrier gris et lourd) est-il vrai ? Disons que ça sonne quand même très véridique... L'écriture est comme toujours, fort intéressante. Il y a des comparaisons surprenantes, des liens étonnants entre des idées apparemment disparates ou qui ont peu en commun... En somme, le roman ne raconte pas énormément d'événements, tout est dans l'ambiance, dans les dialogues, dans les descriptions, dans le ton...
En parallèle, je lis la biographie "officielle" du groupe Siouxsie & the Banshees. Ce livre fait revivre un autre nihilisme, celui de l'Angleterre de la fin des années 70. Ce sont les jeunes de cette génération qui ont payé, en quelque sorte, pour l'insouciance hippie des 60s. Le bilan n'est pas beau : désespoir, révolte, impression d'être pris... Malgré cela, le "personnage" de Siouxsie est assez intéressant, avec, notamment, son intérêt pour l'oeuvre de Chas Addams ou pour Emma Peel. Bien des choses s'expliquent alors tout simplement... Au point où j'en suis (1977), il n'est pas encore question de "gothique", mais cela viendra inévitablement.
Autre nouvelle fondamentale pour moi : la parution, ce mois-ci, en CD, de l'album de Dennis Wilson Pacific Ocean Blue, dans une édition "De luxe" (2 CD), avec livret, etc. C'est très émouvant (pour moi, bien sûr). Dennis Wilson était le batteur des Beach Boys, le seul surfeur du groupe, d'ailleurs. C'était, au cours des années 60, le "beau gars" du groupe, avec une gueule carrée et virile, un sourire charmeur. À côté de ses frères Carl (petit gros en retrait) et de Brian (songwriter torturé et en proie au doute), Dennis faisait le poids. On avait aussi l'impression que c'était le "superficiel" du groupe, celui qui passait ses journées à s'amuser et à draguer les filles. Puis, l'âge et venu, l'âge et ses blessures. Dennis a entre autres connu Charles Manson et son groupe. Manson avait d'ailleurs mis la tête de Wilson à prix ! Wilson prit ses distances bien avant les événements de 1969... mais ce genre de situations laisse des traces.Il aurait voulu d'une vie sentimentale plus stable, mais le destin en voulut autrement. Cela se soldait par blessure sur blessure... et, tout à coup, par des chansons. Les premières (fin des années 60) étaient un peu approximatives, comme des pratiques, puis, tout à coup, elles prirent de l'ampleur, une force mélancolique peu commune et très différente de ce que Brian Wilson écrivait. Dennis travaillait beaucoup au piano, par exemple. L'un des résultats concrets fut l'album Pacific Ocean Blue, vraiment majestueux, paru à la fin des années 70, et réédité "à la sauvette" au début des années 90 (épuisé depuis longtemps, il va sans dire).
Comme il fumait pas mal, sa voix s'est fêlée, éraillée, jusqu'à devenir presque un râle dans ses dernières années. Dennis Wilson est mort noyé en 1983...
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