Alors, quoi de neuf ?
Comme toujours, beaucoup de projets et trop peu de temps. Des films, des albums et des livres. Un environnement stimulant, aussi : beaucoup d'amis verront bientôt leurs nouvelles publications en librairie. Ainsi, j'ai bien hâte de tenir entre mes mains la novella d'Ariane, L'enfant sans visage (XYZ, à paraître ce printemps), un roman de science-fiction à l'imaginaire généreux et aux images fortes. J'ai vu, non sans émotion, avec quelle ferveur et quel dévouement Ariane s'est consacrée à ce livre. Mon ami Michel Châteauneuf publiera aussi (même éditeur, même collection !) une novella réaliste qui nous replonge dans les années 1980 : Bad Trip au 6e Ciel. La créativité stimule la créativité, aussi est-ce fort agréable d'évoluer dans un environnement où la création est primordiale.
Sans doute à cause d'Ariane, qui est l'une lectrice les plus assidues que je connaisse, j'ai aussi intensifié mes lectures, depuis un an. Parmi celles-ci, un ouvrage se démarque, à titre de montagne russe infernale : L'Écho des suppliciés, de Joël Houssin, roman qui déploie tous les moyens possibles pour atteindre une sorte de zénith dans l'horreur. L'auteur a mis au service de son récit une plume-scalpel qu'il trempe dans le sang, non sans faire preuve, au détour de quelques passages, d'un humour féroce. Clairement, et au delà du cliché, l'ouvrage n'est pas à mettre entre toutes les mains. Plus qu'une simple charge "gore", il repose sur des bases métaphysiques quant à la souffrance humaine et à ses répercussions. N'empêche : le livre exhale une odeur de terre incendiée. Je me demande ce qu'en auraient pensé les exégètes de Sade ou les surréalistes.
En ce moment, je termine la lecture d'Entre les bras des amants réunis, de Claude Bolduc, ouvrage que j'apprécie pour la rigueur de son écriture (certains textes bénéficient d'une grande recherche formelle, par exemple "Le Masque", la novella qui donne son titre au recueil ou l'extraordinaire pastiche de Jean Ray qui clôt l'ouvrage de façon remarquable) et pour le talent de Bolduc à créer une atmosphère dense. Cette ambiance est souvent empreinte d'une tristesse de laquelle n'est jamais exempte la luminosité que dispensent les relations humaines (l'amitié semble être l'un des thèmes de prédilection de l'auteur, thème qu'on retrouvait également dans son roman-jeunesse Là-haut sur la colline).Enfin, autre lecture en cours : L'Envers du rock, de Nick Kent, qui propose au lecteur une série de portraits corrosifs de rock-stars chancelantes qu'il a suivies au cours de leurs dérives. Kent a mis une écriture lucide et souvent très drôle au service de chapitres consacrés à des icônes décrites dans des situations peu glorieuses. Kent s'est efforcé d'être le plus juste possible, sans complaisance, mais sans animosité non plus. Après avoir risqué de graves blessures à cause de Sid Vicious (du légendaire groupe punk The Sex Pistols) et avoir été intimidé par Shane Mac Gowan (The Pogues), il tâche de peser le pour et le contre avec le plus d'équité possible. Lecture fort intéressante, à coup sûr, dont ces mots de Joël Houssin, justement, rendraient compte avec pertinence :
"Gardons-nous d'être secs avant l'âge. Qu'éclate le rire dans nos lignes et que dansent les morts-vivants !"