Pour amorcer l'été, je vous annonce une bonne nouvelle : la parution chez Vents d'Ouest, à l'hiver 2011, de mon prochain roman : La Maison au fond de l'impasse. Ce roman "transgénérique" se situe aux frontières du thriller psychologique et du roman fantastique.
Le sujet : après avoir perdu son emploi et sa compagne, un ex-journaliste se retrouve isolé dans sa maison glaciale, en proie à un délire mystique qui prend de plus en plus de force au fil des jours. Il en vient progressivement à se persuader que la seule façon de se sortir de son cauchemar éveillé consiste à mettre en oeuvre les volontés du diable... ou ce qu'il croit être tel!
Comme toujours, la collaboration avec l'équipe de Vents d'Ouest est très stimulante. Vents d'Ouest fera d'ailleurs paraître deux ouvrages notables cet automne, soit :
La Société des pères meurtriers, de mon ami Michel Châteauneuf.
Entre les bras des amants réunis, du sympathique Claude Bolduc.
Le premier des deux est un polar noir dont j'ai pu lire le manuscrit. C'est un livre caustique et très efficace. Il s'agit de mon préféré de Châteauneuf qui fait preuve, ici, d'une inventivité remarquable, d'un grand sens de la concision, le tout au service d'une intrigue à la fois dense et sans temps morts. Il y a quelque chose de zolien dans ce roman que les fans de polar noir devraient aimer, et avec raison : j'ai constaté tout le soin qu'a mis Michel a rédiger ce livre qui lui a demandé plusieurs années de travail et de réflexion.Le second titre prévu chez Vents d'Ouest contiendra l'un des meilleurs textes de Claude Bolduc, la novella Entre les bras des amants réunis, parue initialement dans L'Année de la science-fiction et du fantastique québécois 2000, en 2005. Cette publication, accompagnée d'autres nouvelles fantastiques, devrait permettre à ce texte de rejoindre un public plus vaste, ce qui est tout à fait mérité.Quelques mots, enfin, pour remercier ma compagne Ariane de l'un de ses cadeaux d'anniversaire tous plus judicieusement choisis les uns que les autres. Ariane m'a entre autres offert un roman de l'énigmatique Maïk Vegor, alias Jacques (Jack) Coutela, occultiste français et représentant de la Wicca International Witchcraft en France, décédé en 1995. On découvre ici le récit (incroyable!) de son existence romanesque. Coutela a publié un grand nombre de romans, il semble très complexe de reconstituer sa bibliographie dont même la Bibliothèque Nationale de France n'a pu mettre les pièces du puzzle en place. On sait, en tout cas, que Coutela publia aussi sous l'identité de Marilyn Valojie et qu'il écrivit une BD pour adultes, Marie la sorcière, sous le nom de Marco.
De passage à Québec lors du dernier Congrès Boréal, j'ai justement trouvé, chez un bouquiniste, un exemplaire de l'un des livres signés Valojie : Mary Gold initiée à la magie, un roman "occulte" publié par l'éditeur Odepi, qui, lui aussi, dégageait une odeur de soufre. L'une des quatre collections d'Odepi s'intitulait "Magie/Sorcellerie" et compta deux romans seulement, le second étant Le Cercle du diable, de Michel Breuzard. Pour la petite histoire, les autres collections d'Odepi s'intitulaient "Eros", "Espions" et "SS Guerre" ! L'éditeur semble avoir publié une dizaine de livres avant de déposer son bilan... Pour brouiller les cartes, Mary Gold... est le second tome d'une série dont le premier n'existe pas !Revenons-en au sujet qui nous préoccupe, de peur de nous perdre encore plus loin dans les méandres de ce labyrinthe ésotérique : Ariane m'a offert les deux premiers romans d'une série consacrée au personnage de Maïk : Maïk et le château sanglant et Maïk et le rajah pourpre. J'ai parlé brièvement, dans mon dernier billet, de la collection "Terrific" de l'éditeur Monnet, autre initiative qui ne dura que brièvement (8 romans parus).
Quand on parcourt les quelques forums et sites web qui commentent les parutions de "Terrific", on est loin de découvrir des dithyrambes. Au contraire, ces romans se font sévèrement critiquer. Il est difficile pour moi de donner mon avis à ce sujet, n'ayant lu que le premier volume de "Terrific". Cependant, je dois dire que j'ai beaucoup aimé ce livre étrange, très loin du politiquement correct. Mes affections surréalistes ont été comblées, et j'arrivais difficilement à m'arracher à la lecture de ce roman insolite.
Le lecteur y découvre Maïk Campbell O' Connor, jeune veuve qui habite dans un château perdu dans la lande écossaise et hanté par le fantôme d'Edouard II. Nerveuse et excentrique, Maïk ne s'encombre pas de scrupules : tout est bon pour parvenir à ses fins. Passionnée par les sciences et obsédée par la vie après la mort, Maïk cherche à ressusciter son mari, Walter, qui vient de mourir alors que le roman débute. Elle parvient à récupérer son cadavre et le dissimule dans une salle souterraine, dans laquelle elle se livre à ses tentatives pour le ramener à la vie. Le tout est expliqué à l'aide de termes scientifiques dont je ne peux évaluer la crédibilité, mais qui ajoutent une touche de bizarrerie au roman. Il serait dommage de trop en dire, sinon que le roman dévoile sa trame sadienne et parfois cauchemardesque sans oublier de recourir à un humour noir qui ne manque pas de piquant. On peut, ici, véritablement parler d'horreur gothique, et il faut saluer la créativité de l'auteur qui parvient à imaginer les développements les plus retors à partir d'une situation classique. Le livre contient plusieurs morceaux d'anthologie. Une réédition serait souhaitable, mais, bien sûr, dans la situation actuelle, ce serait très surprenant...
La collection "Terrific" s'interrompit après la publication de Maïk et les SS, malgré quatre titres annoncés mais jamais parus, dont le très beau La sorcière aux yeux d'automne et Maïk et le docteur End. Il est permis de le regretter...Dialogue entre Maïk et un homme de main :
- Vous êtes une vipère, madame !
- Non, un scorpion. C'est tout aussi venimeux, et ce petit arachnide correspond à mon signe zodiacal. Au fait, quel mois es-tu né ?
- En juillet, sous le cancer...
- Vois-tu ? Nous sommes faits pour nous entendre. Tu es un adorable crustacé aimant la vie publique. Un jour prochain, si tu es bien sage, tout le monde te contemplera. Tu auras une vie publique agréable, je peux te l'assurer.
01 mai 2010
Collections fantastiques inusitées
Ce mois-ci, je vous présente quelques collections de littérature fantastique insolites et peu connues. En effet, au-delà des classiques du genre, des collections célèbres ou établies, d'autres tentatives ont vu le jour décennies après décennies. Il serait téméraire de vouloir en faire la recension complète dans le cadre forcément limité de ce blogue, mais l'idée de présenter un échantillon représentatif m'est venue.
Je me suis concentré surtout sur les projets éditoriaux bizarres et hors du commun, à commencer par la série
LES AVENTURES DE DRACULA, publiée aux éditions Bel Air durant les années 1960.Quelques recherches du côté du sympathique Forum BDFI m'ont permis d'en savoir plus quant à ce fort curieux projet éditorial. L'une des particularités de cette série traduite de l'italien était la manie (du traducteur ? de l'auteur ?) de mentionner sans arrêt et en lettres majuscules, comme si l'auteur hurlait leur nom, différentes marques d'alcool, qui sponsorisaient probablement l'entreprise. Le résultat de ce "placement de produit" peu subtil est, bien sûr, à la limite de l'absurde. Dans l'ouvrage Le Chat noir, on trouve entre autres ce type de phrases:
"Le juge Harrison se leva en repoussant le verre de OLD CROW BOURBON vers le lampadaire du dix-huitième siècle" (p. 69).
"Humphrey se fit indiquer la cave à liqueurs et versa du BOURBON OLD CROW pour tous" (p. 99).
"Sans doute avertie par le mari, elle avait caché la bouteille de OLD CROW BOURBON" (p. 142).
Et ainsi de suite ! Les titres des douze épisodes de la collection - et les pages couvertures - ne manquaient pas de charme délirant eux aussi :Une décennie plus tôt, "La loupe épouvante" publia quatre romans avant de s'interrompre. Trois d'entre eux, signés Frédéric Charles, alias Frédéric Dard (San-Antonio) furent réédités dans les années 1990 par le Fleuve Noir. Le dernier est sans doute celui qui se démarque le plus du lot, avec son titre impensable et sa page couverture des plus... étonnantes :Autre collection - qui n'a rien à voir avec celle, homonyme et éphémère, qui parut au Fleuve Noir au courant des années 1990 -, "Frayeurs" ne connut que 5 titres dont voici mes favoris (Le titre du premier laisse rêveur... Qu'est-ce que ce livre peut bien raconter ?) :Au cours de cette décennie des années 50 qui vit aussi paraître les premiers "Angoisse", la collection "Épouvante" déployait ses fantasmagories bariolées. Attention aux "titres qui tuent" et aux pages couvertures rigolotes :Celui-ci mérite le prix du meilleur titre :Toujours selon l'un des usagers de BDFI, le roman La mort aux vifs, paru dans cette collection, était l'un des romans d'épouvante les plus gore publiés à cette date... Affirmation plus ou moins contredite par un autre usager, selon qui l'un des titres les plus délirants de l'époque serait celui-ci, que même Lucio Fulci n'aurait pas renié :Après les années 50 et 60, abordons les années 70 : avec son esthétique typiquement seventies, la "Bibliothèque de l'étrange" proposa également quelques jolies découvertes :Maurice Périsset fut entre autres publié au Fleuve Noir où, dans la collection Anticipation, on put lire la réédition de son sympathique roman d'épouvante atmosphérique Le visage derrière la nuit (beau titre).Patrice Rhomm, scénariste et cinéaste, s'est spécialisé dans le mariage entre érotisme et épouvante, réalisant notamment l'extravagant Le Manoir de Draguse au courant de cette même décennie 1970.
Toujours dans les années 1970, l'éditeur Monnet publia la collection "Terrific" (rien de moins), dans laquelle on pouvait lire les exploits d'une héroïne récurrente, Maïk, dans des situations qui, semble-t-il, n'avaient rien de politiquement correct. Et un dernier titre de Périsset pour la route : Enfin, pour terminer ce trop court voyage, j'attire votre attention sur un livre récent, cette fois, paru l'an dernier aux Éditions de l'Antre. On retrouve dans cet ouvrage très intéressant des titres devenus introuvables de Marc Agapit, Claude Seignolle, Gustave Lerouge et un entretien avec Francis Lacassin, qui fut, de son vivant, un personnage essentiel dans le domaine des littératures dites "populaires".Au plaisir, peut-être, de vous voir au Congrès Boréal, auquel j'assisterai avec la flamboyante Ariane !
Je me suis concentré surtout sur les projets éditoriaux bizarres et hors du commun, à commencer par la série
LES AVENTURES DE DRACULA, publiée aux éditions Bel Air durant les années 1960.Quelques recherches du côté du sympathique Forum BDFI m'ont permis d'en savoir plus quant à ce fort curieux projet éditorial. L'une des particularités de cette série traduite de l'italien était la manie (du traducteur ? de l'auteur ?) de mentionner sans arrêt et en lettres majuscules, comme si l'auteur hurlait leur nom, différentes marques d'alcool, qui sponsorisaient probablement l'entreprise. Le résultat de ce "placement de produit" peu subtil est, bien sûr, à la limite de l'absurde. Dans l'ouvrage Le Chat noir, on trouve entre autres ce type de phrases:
"Le juge Harrison se leva en repoussant le verre de OLD CROW BOURBON vers le lampadaire du dix-huitième siècle" (p. 69).
"Humphrey se fit indiquer la cave à liqueurs et versa du BOURBON OLD CROW pour tous" (p. 99).
"Sans doute avertie par le mari, elle avait caché la bouteille de OLD CROW BOURBON" (p. 142).
Et ainsi de suite ! Les titres des douze épisodes de la collection - et les pages couvertures - ne manquaient pas de charme délirant eux aussi :Une décennie plus tôt, "La loupe épouvante" publia quatre romans avant de s'interrompre. Trois d'entre eux, signés Frédéric Charles, alias Frédéric Dard (San-Antonio) furent réédités dans les années 1990 par le Fleuve Noir. Le dernier est sans doute celui qui se démarque le plus du lot, avec son titre impensable et sa page couverture des plus... étonnantes :Autre collection - qui n'a rien à voir avec celle, homonyme et éphémère, qui parut au Fleuve Noir au courant des années 1990 -, "Frayeurs" ne connut que 5 titres dont voici mes favoris (Le titre du premier laisse rêveur... Qu'est-ce que ce livre peut bien raconter ?) :Au cours de cette décennie des années 50 qui vit aussi paraître les premiers "Angoisse", la collection "Épouvante" déployait ses fantasmagories bariolées. Attention aux "titres qui tuent" et aux pages couvertures rigolotes :Celui-ci mérite le prix du meilleur titre :Toujours selon l'un des usagers de BDFI, le roman La mort aux vifs, paru dans cette collection, était l'un des romans d'épouvante les plus gore publiés à cette date... Affirmation plus ou moins contredite par un autre usager, selon qui l'un des titres les plus délirants de l'époque serait celui-ci, que même Lucio Fulci n'aurait pas renié :Après les années 50 et 60, abordons les années 70 : avec son esthétique typiquement seventies, la "Bibliothèque de l'étrange" proposa également quelques jolies découvertes :Maurice Périsset fut entre autres publié au Fleuve Noir où, dans la collection Anticipation, on put lire la réédition de son sympathique roman d'épouvante atmosphérique Le visage derrière la nuit (beau titre).Patrice Rhomm, scénariste et cinéaste, s'est spécialisé dans le mariage entre érotisme et épouvante, réalisant notamment l'extravagant Le Manoir de Draguse au courant de cette même décennie 1970.
Toujours dans les années 1970, l'éditeur Monnet publia la collection "Terrific" (rien de moins), dans laquelle on pouvait lire les exploits d'une héroïne récurrente, Maïk, dans des situations qui, semble-t-il, n'avaient rien de politiquement correct. Et un dernier titre de Périsset pour la route : Enfin, pour terminer ce trop court voyage, j'attire votre attention sur un livre récent, cette fois, paru l'an dernier aux Éditions de l'Antre. On retrouve dans cet ouvrage très intéressant des titres devenus introuvables de Marc Agapit, Claude Seignolle, Gustave Lerouge et un entretien avec Francis Lacassin, qui fut, de son vivant, un personnage essentiel dans le domaine des littératures dites "populaires".Au plaisir, peut-être, de vous voir au Congrès Boréal, auquel j'assisterai avec la flamboyante Ariane !
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