10 novembre 2014

Nouvelles d'automne


Je profite de la fin d’année qui approche (déjà) pour mettre ce blogue à jour en faisant le point sur les parutions des mois derniers et en annonçant quelques nouveautés à venir.

Depuis la dernière entrée (juillet), le temps consacré à la création s’est raréfié considérablement. J’ai donc dû interrompre un long projet sur lequel je travaillais depuis janvier. L’ampleur et la complexité du récit en cause ne m’auront pas permis de le terminer avant la rentrée. Espérons pouvoir finir un jour ce roman éclaté consacré à l’étonnante demeure que lègue à son neveu un oncle particulièrement fantasque. 

Cet automne, deux projets musicaux ont vu le jour. Tout d’abord, l’album Red Games of the Headless Dolls, enregistré par Carfax Asylum. C’est un projet studio fondé en 1994 avec mon ami Pierre Héroux, guitariste et technicien de son aussi polyvalent que talentueux. Les influences sont diverses, allant de la musique de films des années 60-70 au jazz, au hard rock, au psychédélisme, au gothisme et même à des formes musicales avant-gardistes (l’une des influences majeures de Pierre est celle du musicien Frank Zappa). Cet album réunit des morceaux enregistrés entre 1998 et 2014, dont trois pièces chantées.

C’est le label Fangoria Musick qui en assure la vente et la distribution, via sa plateforme. Il va sans dire que cette association avec le légendaire périodique Fangoria m’a rappelé bien des souvenirs. Je lisais déjà la revue alors que j’étais élève à l’école secondaire. Fondée en 1979, cette publication existe toujours, malgré la crise qui secoue la presse papier.
 
Ensuite, toujours dans le domaine musical, le dernier album du trio Jardin Mécanique est paru récemment : La sinistre histoire du Théâtre Tintamarre, épisode 2. J’ai eu l’occasion de collaborer de très près avec Jardin Mécanique en 2007, alors que je faisais partie du groupe. Le nom « Jardin Mécanique » a même été trouvé lors d’une réunion qui s’est tenue cette année-là dans l’intrigante Maison au fond de l’impasse. Entre autres souvenirs, je me rappelle en particulier d’un spectacle donné à l’Halloween… 
J’ai dû quitter le groupe au début de 2008, car mon emploi du temps chargé rendait ma participation au projet problématique, compte tenu de son ampleur et de l’éloignement géographique. N’empêche : ce deuxième opus prouve plus que jamais l’étonnante créativité de ce groupe à nul autre pareil dans le paysage musical du Québec. Les textes sont particulièrement soignés, la musique est aussi complexe qu’ambitieuse, et l’album mérite d’être découvert. On m’y entend comme pianiste dans « Les coiffeurs de cerveaux ».
Au chapitre journalistique, j’ai eu le plaisir de collaborer de nouveau avec l’ami David Didelot, cette fois dans le cadre de son fanzine, Vidéotopsie. Rappelons que David est le coordonnateur de l’ouvrage Gore, dissection d’une collection. Son dernier zine, que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire au moment d’écrire cette entrée, aborde une foule de sujets consacrés au cinéma populaire européen. J’y signe trois chroniques : sur Jess Franco, sur un giallo peu connu et sur ce qu’il est permis de considérer comme le premier polar québécois : Le Grand Rock, étonnant film noir rural.
C’est en 2013 que mon ami de longue date Simon Laperrière, notamment programmateur à Fantasia, m’a approché à propos d’un projet qui lui tenait à cœur : un livre de référence consacré à l’émission télévisée Bleu Nuit, qui fit beaucoup parler d’elle entre 1986 et 2007.

C’était assurément une idée originale de consacrer un ouvrage cette émission culte qui fut diffusée pendant une vingtaine d’années à TQS. Les responsables de l’ouvrage, Éric Falardeau et Simon Laperrière, ont su lui conférer une diversité appréciable qui en rend la lecture stimulante. À cette variété d’approches, de styles et de genres correspond une iconographie parfois ludique, parfois informative, mais toujours juste. Dessins et bandes dessinées côtoient reproductions d’affiches d’époque et photos promotionnelles sans jamais être envahissants. Au contraire, ces atouts visuels dialoguent avec le texte, dont ils assurent la continuité et dont ils prennent parfois même le contre-pied.

À l’actif du projet, on doit signaler la grande diversité des plumes rassemblées dans ce livre qui compte plus 300 pages. Littéraires côtoient notamment philosophes, écrivains, spécialistes du cinéma et chercheurs. De même, les fictions ou récits qui ponctuent l’ouvrage contribuent à le dynamiser et à proposer une expérience de lecture rafraîchissante. Le « phénomène Bleu Nuit » est, quant à lui, abordé sous plusieurs angles : entrevues significatives, critiques de films, témoignages, présentation de figures importantes du genre, réflexions sur l’érotisme, ses incarnations et son rapport au spectateur au fil des époques, etc. S’il est permis de ne pas toujours partager les opinions de certains rédacteurs, la lecture de leurs textes ne laisse pas indifférent et porte à réfléchir. 

Fait à signaler, une touche d’humour bien dosée est la bienvenue, notamment dans l’excellent texte d’introduction que signent Laperrière et Falardeau, « Quand vient la nuit ». Ils y évoquent entre autres quelques singularités liées à l’ « expérience Bleu Nuit », comme ces avertissements qui précédaient les films diffusés, parfois lus par « une femme adoptant un ton de maîtresse d’école méprisante » ou la conséquence de ces visionnements : pouvoir revendiquer, dans la cour d’école, sa fierté de ne plus être un « puceau de l’image ». N’oublions pas le zapping intempestif que pouvaient susciter les temps morts de l’émission ! En bref, l’ouvrage est recommandé aux nostalgiques, mais aussi aux cinéphiles en général, puisque, au-delà des qualités que nous avons mentionnées, il aborde des genres qui dépassent le cadre de l’érotisme, comme le thriller, la comédie désolante et qu’il contient un scénario inédit de Jean-François Rivard, réalisateur de Série Noire.
Ma collaboration à l’ouvrage se présente sous la forme d’un article consacré au réalisateur italien Lucio Fulci. Surtout connu pour ses films d’horreur métaphysiques, l’homme s’était aussi distingué dans divers genres, comme le western à l’italienne et la comédie. Son approche expérimentale et sa déconstruction du genre « fantastique » m’ont toujours intrigué, et mon article s’attarde notamment à cette facette de son travail. Faut-il assagir les poètes macabres ?

Enfin, c’est avec bonheur que j’ai répondu à l’invitation de la revue Solaris, qui célèbre ses 40 ans avec un numéro qui réunit 40 auteurs ! Il s’agissait de produire une fiction courte à partir d’un sous-genre de l’imaginaire. Le numéro regroupe beaucoup d’auteurs talentueux dont il serait long de dresser la liste, mais dont on trouvera les détails ici. Coup de cœur spécial pour la surprenante nouvelle de David Dorais, un texte profondément étrange dont l’écriture envoûtée distille une vibration occulte rarement vue en littérature. On en vient à souhaiter que l’auteur produise un roman complet dans ce style, tant sa lecture provoque une sensation d’immersion férocement originale.

Qu’en est-il des parutions à venir ? Hormis un numéro à thème prometteur de la revue XYZ (publication prévue pour l’été prochain), mon roman Quand s’éteindra la dernière chandelle devrait paraître au début de 2015. Des informations plus détaillées suivront dès que je pourrai les rendre publiques. C’est un roman sur lequel j’ai beaucoup travaillé, tant au point de vue stylistique qu’en ce qui a trait à l’organisation du récit ; celle-ci s’inspire entre autres de certains procédés propres au nouveau roman, mais mis au service d’un sujet dont j’ai voulu explorer les différentes symboliques.

D’autres romans inédits attendent toujours un verdict. Comme je le mentionnais en juillet dernier, les délais avant d’obtenir une réponse sont incroyablement longs… lorsqu’une réponse nous parvient. Je comprends de plus en plus le concept de development hell inhérent à certaines productions américaines. Ces projets sortiront-ils un jour des limbes dans lesquels ils se figent davantage de mois en mois, en proie à la léthargie ? Affaire à suivre…

12 juillet 2014

Quelques nouvelles

            
           Dans un ouvrage de référence sur les zombies au cinéma, Book of the Dead (FAB press, 2005), on trouve cet amusant extrait d’une critique du film Voodoo Man tirée du New York Daily : le film ne se contente pas de montrer des zombies, « it gives the impression of having been made by them ».
            L’affirmation en question pourrait presque qualifier ce blogue – davantage, je l’espère, à cause de son rythme de parution qu’à propos de son style. Néanmoins, puisque certains morts-vivants sont plus vifs que d’autres (revoyez L’avion de l’apocalypse du cinéaste italien Umberto Lenzi pour parfaire votre connaissance du domaine), qui sait ce que nous réservera l’avenir ?
            Malgré la poussière qui recouvre ce blogue, je reçois à l’occasion, dans les commentaires d’anciens billets ou dans les messageries de réseaux sociaux, des questions à propos de mes projets et autres parutions récentes ou à venir. Celles-ci sont à l’origine de cette mise à jour destinée aux lecteurs qui aimeraient en savoir davantage à ce propos.
L’année scolaire 2013-2014 a essentiellement été consacrée à des projets d’écriture puisque j’ai pris un congé sans solde. J’ai donc pu me consacrer à mes travaux d’écriture (littéraires ou journalistiques).
            L’occasion me fut donnée de participer au dernier numéro du fanzine français Médusa, consacré au cinéma de genre. Ce 25e opus de la publication dirigée par Didier Lefèvre est aussi solide qu’éclectique. Il s’agit du premier numéro entièrement en couleurs (une version noir et blanc existe aussi). Quelques pleines pages consacrées à des visuels attrayants permettent de prendre pleinement la mesure de ce changement, et, partout dans ce numéro, sont mis en valeur pavés de presse, affiches, photos et autres jaquettes d’époque.
Ce Médusa garde les qualités des précédents numéros : humour, érudition (dans un long article sur Clive Barker, entre autres, mais aussi dans diverses chroniques qui mettent à profit la spécialisation des rédacteurs), passion, verve et affection pour le « cinéma bis » sous toutes ses formes. Parmi les nouveaux rédacteurs, j’ai remarqué la plume de Claude Gaillard. Il a décidément du panache et un style personnel. Notons un bon article sur un cinéaste américain sympathique et relativement discret : John Landis, un entretien avec Eugenio Martin, un tour d’horizon des démarquages plus ou moins subtils du dernier film de Bruce Lee, Game of Death, quelques pépites de la série B grecque (dépaysant !), etc.
Médusa 25 contient une entrevue que j’ai réalisée avec Jean Rollin en 2007. J’y signe en outre diverses chroniques, notamment celle d’un ouvrage de Jacques Zimmer et de bandes comme l’improbable La Guerre du pétrole et plusieurs Jess Franco. À propos de ce réalisateur, le prochain numéro de Médusa (en préparation à l’heure actuelle) contiendra un long article (près de 50 000 signes !) que j’ai consacré aux longs-métrages de Franco produits par Harry Alan Towers. Ce dossier ambitieux m’a demandé beaucoup de travail. De même, pour ce numéro 26, j’ai longuement réfléchi à la pratique de la « chronique cinématographique ». Ces derniers temps, je me suis souvent fait la réflexion que trop d'articles « critiques », au sujet de la littérature ou à propos d’autres formes d’expression artistique, suivent une formule très conventionnelle et se résument à une recette souvent dévitalisée, exsangue et, il faut le dire, ennuyeuse ! J’ai gardé cette optique à l'esprit dans le contexte de mes chroniques destinées à Médusa 26 afin d’en faire des écrits… littéraires. Si le numéro 25 vous intéresse, je vous encourage à visiter la "petite boutique de Médusa".
 
            Comme certains lecteurs de ce blogue le savent sans doute, 2014 a vu paraître un ouvrage de référence dirigé par David Didelot : Gore. Dissection d’une collection. Il s’agit d’un regard nostalgique et très documenté sur la défunte collection de romans d’horreur publiée aux éditions Fleuve Noir entre 1985 et 1990. L’éditeur, Artus Films, se spécialise dans l’édition, sur DVD, de films cultes (souvent européens : westerns, films d’épouvante gothique, etc.). Cette première incursion littéraire est tout à fait probante, comme l’ont d’ailleurs signalé plusieurs médias, entre autres la revue Métaluna. Sur près de 400 pages, David et ses chroniqueurs (dont Ariane et moi-même) présentent et commentent chaque volume de cette mythique collection. L’ouvrage contient une multitude d’entrevues avec plusieurs auteurs qui participèrent à cette aventure éditoriale surprenante, mais aussi un grand nombre d’articles et de documents des plus intéressants : reproduction de matériel promotionnel ou de lettres, présentation de collections « rivales » et de celles qui préfigurèrent « Gore » ou en prirent la succession (avec de bons mots pour nos amis de La Maison des viscères). Le ton y est enthousiaste et la quantité d’informations, impressionnante. Impossible de ne pas sentir tout le travail, le soin et le perfectionnisme qu’y a mis David. Au-delà du propos spécifique du livre, on obtient par la bande un instantané de la littérature « populaire » des décennies 80-90, et on constate avec chagrin la détérioration du « marché du livre » depuis une dizaine d’années. Certains auteurs ont l’honnêteté de donner des chiffres de tirage et de ventes, par exemple, ce qui permet de se situer concrètement.
Un supplément non négligeable : l’article de David sur les projets destinés à la collection qui n’ont jamais vu le jour ou qui trouvèrent preneur ailleurs, parfois beaucoup plus tard. Ce « point de fuite littéraire » permet, en quelque sorte, d’ajouter des numéros imaginaires à la collection et de la prolonger. 
Poursuivant ma collaboration avec David, dont l’énergie est communicative, je serai au sommaire du prochain numéro de son zine Vidéotopsie, qui contient toutes les qualités de son livre sur « Gore ».
            Enfin, pour clore la section « journalisme », j’ai écrit un article qui paraîtra dans un ouvrage de référence québécois sur un sujet qui ne devrait pas laisser indifférent. J’ignore s’il m’est possible de rendre cette information publique pour le moment ; je laisse donc durer le suspense…

Du côté des fictions
           
            Le blogue permet aux lecteurs d’être tenus au courant de mon actualité littéraire (voir, à droite, la section « Publications » maintenue à jour). Si ladite actualité peut donner l’impression que j’ai passé une année marquée par un farniente béat qu’entrecoupa de temps à autre la rédaction de nouvelles, il n’en est rien, dans les faits (Ariane pourrait en témoigner !).
            J’ai travaillé sur plusieurs romans (tous terminés, sauf un, en cours, un projet ambitieux de roman « psychologico-fantastique » ; à mon grand regret, je n’aurai sans doute pas le temps de le finir avant la rentrée scolaire d’août 2014 – l’un des nombreux aléas d’une « profession littéraire » exercée en marge d’un autre métier). Ces romans inédits relèvent du fantastique occulte, du « thriller expérimental », de la littérature générale, etc.
À l’heure actuelle, rien n’est signé, d’où l’absence d’annonces à ce sujet. J’ai déjà fait part, sur ce même blogue, des difficultés que j’éprouve depuis quelque temps à placer mes derniers projets longs. Depuis 1997 (date de parution de mon premier livre), j’ai constaté des changements dans le milieu de l'édition, notamment cette habitude qu’ont prise plusieurs éditeurs (pas tous, heureusement, mais un nombre significatif quand même) de ne pas accuser réception des manuscrits… et de ne pas répondre à ces soumissions. L’auteur se trouve donc confronté à une incertitude des plus décevantes... et des plus démoralisantes, il faut le reconnaître. Rien de très valorisant, dirons-nous, à susciter un tel silence.
           Les manuscrits reçus sont forcément nombreux, mais une lettre-type, envoyée par courriel, réglerait la situation à peu de frais et rapidement. Sans accusé de réception, comment savoir si le manuscrit a bien été reçu ? Sans verdict, comment savoir s'il est encore en lecture ? On m'objectera que les éditeurs en question ne cherchent peut-être pas de manuscrits. En ce cas, il suffirait de le préciser sur leur site web, ce qui ne laisserait plus de place au doute. Quand on mesure le lot de travail, voire de souffrances, qu'il y a derrière un livre, cette attitude a quelque chose de glaçant, provenant qui plus est de l'un des principaux intervenants du monde littéraire : l'éditeur.
 Lorsque des réponses sont transmises, elles ont souvent en commun des phrases telles que : "Les conditions du marché nous obligent à prendre des décisions douloureuses", "L'état actuel de notre calendrier de production occasionnerait des délais de publication qui ne pourraient que nuire à votre démarche. Nous ne doutons pas que votre projet trouvera ailleurs preneur" ou « Nous en sommes venus à la conclusion que ces deux œuvres à l’inspiration « fortement » poussée et à l’écriture habilement maitrisée ne répondaient pas à la présente politique éditoriale de [X]."
            On comprendra aisément qu'il devient parfois difficile de persévérer dans un tel contexte.
            Certes, je compte terminer le livre en cours. Ensuite… on verra.

D'ici là... Deux romans (incluant une réédition) « devraient » voir le jour l’an prochain. Le cas échéant, j’en dévoilerai les détails ici dès que j'en saurai davantage.
Des textes brefs paraîtront dans divers périodiques, notamment dans des numéros spéciaux des revues Solaris et XYZ. J'invite aussi les lecteurs qui aiment les récits historiques à se procurer l'anthologie Dimension Antiquité, parue chez Rivière Blanche. On y trouve non seulement une nouvelle à laquelle j'ai consacré beaucoup de temps, "L'insula des louves ardentes", mais aussi des récits inédits d'Ariane Gélinas, Jean-Louis Trudel, Jean-Pierre Andrevon et plusieurs autres.
Je termine ce message en remerciant tous ceux (et celles) qui m’ont envoyé des mots d’encouragement et Ariane, si compréhensive et positive. À une époque où les ventes d’ouvrages littéraires ne cessent de baisser (soyons francs), ce genre de soutien constitue (pour moi, à tout le moins) un incitatif... nécessaire. Sinon, à quoi bon continuer ?
Profitez bien de l’été !