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25 octobre 2009

Le 31 octobre...

J'incarnerai le Baron DesOmbres dans le spectacle La Fabuleuse histoire du Théâtre Tintamarre :

01 octobre 2009

Visite guidée de la confiserie musicale

Récemment, le journaliste français Jean-Emmanuel Deluxe (alias Jean-Emmanuel Dubois) a publié, chez le défunt éditeur SCALI, un intéressant volume consacré au « cinéma rock ». Paraissait presque simultanément un autre ouvrage sympathique, Bubblegum et sunshine pop, la confiserie du rock, aux Cahiers du Rock (Hélas, cet éditeur n’a pas de diffuseur québécois ni canadien. Il faut donc commander le livre d’Europe si on veut l’obtenir chez nous).Dans une série d’interviews, de commentaires, de suggestions et d’articles, l’ouvrage fait le tour de deux genres à la fois décriés et paradoxalement en voie de reconnaissance, le bubblegum et la sunshine pop. Si j’avoue avoir un faible pour le second (j’y reviendrai), le premier des deux genres a également son charme acidulé. La bubblegum, ce sont des chansons rock légères, un peu absurdes, répétitives, presque infantiles, qui, d’ailleurs, portent bien leur nom. Deluxe voit les racines du genre dans la novelty song (dont l’un des exemples serait le Monster Mash – on exploite une idée rigolote, un concept limité dans une chanson au refrain entêtant) : « Chansons aux paroles stupides et répétitives, à base d’onomatopées et d’allitérations [qui abordent] une thématique aussi idiote qu’obsédante », peut-on lire.Un exemple remarquable de ce genre de concept – en version nettement plus « garage » – serait la chanson Surfin’ Bird du groupe américain The Trashmen, formation du début des années 1960 dont le look de boyscout contrastait avec le caractère abrasif de leur chanson emblématique (En 1962, nombre de parents ont dû détester ce « single » démentiel dont les paroles se bornent à répéter que « l’oiseau est un mot » (The Bird is a word). Un épisode de la série animée Family Guy est centré sur cette chanson, le père Griffin écoutant ce disque jour et nuit, au désespoir de sa famille). Comme l’écrit Deluxe, la « bubblegum est souvent liée aux personnages de dessins animés et à l’univers enfantin ». Il cite les Archies, Josie and the Pussycats et les Banana Splits à titre d’exemple. Un pas de plus vers l’abstraction : de la musique (théoriquement) jouée et interprétée par des personnages en deux dimensions. Plus près de l’univers de ce blogue, on peut mentionner la série télé The Groovie Ghoulies, étonnant assemblage de segments animés qui était diffusé, quand j’étais tout jeune, sous un titre invraisemblable : Les Croque-Monstres. Époque où les monstres avaient la cote auprès des kids, comme en témoignaient des céréales qui en célébraient le culte ! Les épisodes de The Groovie Ghoulies, d’une vingtaine de minutes, alignaient les jeux de mots les plus navrans, déclamés avec emphase par des personnages improbables. La série se déroulait dans un château hanté habité par un vampire, un loup-garou, une créature de Frankenstein, un squelette animé, une plante carnivore, une téléphoniste vampirique, une sorcière et d’autres personnages du genre. Il n’y avait pas de réelles « histoires », seulement une succession vertigineuse de vignettes prétextes à accumuler des jeux de mots consternants (au premier degré) ou amusants (au trentième). Chaque épisode mettait en vedette la performance d’un groupe rock farfelu comme The Rolling Headstones ou The Mummies and the Puppies (dont je vous laisse imaginer l’apparence).Essentiellement un produit de studio, la bubblegum a ce côté gentiment dingue et halluciné qui permet de commencer la journée dans une sorte de… bulle… justement ! Le tout est à l’image du nom de l’un des groupes-phares du genre, l’impensable The 1910 Fruitgum Company !

16 juin 2008

L'abomination de la semaine

Dans la biographie de Siouxsie and the Banshees, on trouve un passage assez amusant où sont cités les propos du bassiste du groupe, Steve Severin (Severin, en référence au Velvet Underground, bien sûr, mais, par le recours à une double intertextualité, au roman - un peu minable, il faut bien le dire - de Sacher-Masoch, La Vénus en fourrure qui donna son titre à une superbe chanson du Velvet...). Severin raconte que, dans le studio où son groupe commençait l'enregistrement du premier album (The Scream, 1978), "there were dozens of reels of two-inch tape stacked by the console window. They were recordings of Yes jam sessions that probably ended up as a quadruple album. My great regret is that I didn't have the foresight to run a magnet down them and erase everything. I could have saved the world a lot of pain" (p. 69). Il va sans dire que ce passage m'a fait beaucoup rire, car, évidemment, les Banshees sont l'antithèse du groupe progressif britannique YES, dont j'ai déjà eu des albums !

Aujourd'hui, en 2008, je considère que la musique de ce groupe est particulièrement hideuse ! Il faut dire que, même à l'époque où j'avais trois albums de Yes à la maison (comment ai-je pu réussir à dormir ?), je ne les aimais pas. On (entendre : les musiciens avec qui je travaillais occasionnellement) m'avait répété que c'étaient de super-virtuoses, un groupe d'une densité incroyable, etc. En définitive, leur musicalité se bornait surtout à jouer des solos en même temps (l'un des buts : mettre le plus de notes possibles à la plus grande vitesse possible pour épater la galerie). Le claviériste Rick Wakeman reprenait des motifs de musique classique qu'il signait de son nom. Un public béat admirait donc son... talent... alors qu'il s'agissait de plagiat maladroit. On peut dire la même chose du claviériste KEITH EMERSON, de Emerson, Lake and Palmer, qui piqua à Bartok (compositeur classique) son Allegro Barbaro, le rebaptisant The Barbarian sur le premier album de son groupe... et le signant de son nom, sans faire nulle part mention du compositeur original. Bravo, champion !
À l'époque, j'avais déjà l'impression que les "mélodies" de Yes étaient plutôt laides, que tout cela sentait l'effort, que c'était confus et d'une grande platitude. J'avais même l'album double Tales from Topographic Oceans, un disque soporifique où les membres du groupe excellaient dans le domaine de la contre-performance. En définitive, on était bien éloigné du danger, de l'intensité et de l'urgence qui sont souvent la clé du meilleur rock. Trop de calcul, trop de cérébralité, trop de conceptualisation, trop de tape-à-l'oeil. Peut-on être ému en écoutant un disque de Yes ? (On peut, à la rigueur, ressentir un sentiment d'horreur, mais ce n'est pas ce que je veux évoquer ici).

C'est avec grand soulagement que je pus revendre ces CD à je ne sais plus quel fan du genre. Qui sait s'il est parvenu à écouter ces albums à quelques reprises ?
Constatant l'inexplicable bonne réputation du groupe auprès de certains fans de classic-rock, je me suis même demandé si j'étais seul dans mon camp, jusqu'à ce que paraisse un article dans le Rock & Folk d'août 2004. Le papier, signé Nicolas Ungemuth, s'intitulait La Fête Yes. Il s'agissait d'un compte-rendu d'un spectacle donné au Zénith. Je craignais un éloge en règle du groupe, mais qu'allait-on pouvoir dire ? Que les musiciens jouaient vite...? Oui, mais à part ça ? Ungemuth raconte qu'il entend d'abord, en arrivant près du Zénith, un enfant de dix ans avec son oncle :

"Tu sais, j'ai jamais vu de concert..." Pauvre gosse... Même pas dix ans qu'on le traîne à un concert de Yes. Après, on s'étonnera, on dira qu'il est lent à l'école, qu'il a du vague à l'âme [...]."

Ungemuth, qui a deux billets, essaie en vain de donner son second billet sans trouver preneur ! Il entre quand même dans la salle :

"Là, c'est le choc ! C'est vide... Parsemé de gars [...]. D'autres sont carrément en famille. Le père sans cou, la mère sans cou et les nains sans cous... Un individu arbore un T-shirt Dieu soit loué... Je suis perplexe. Un tour au bar révèle une caractéristique rarement étudiée du Yesman. Le Yesman ne boit pas des bières [...], il mange des sandwiches ! Avec une nette préférence pour les thon mayonnaise. Des thon mayonnaise partent par dizaines, les Yesmen sont tout contents avec leurs sachets pleins de mie... L'un d'eux a un T-shirt Quadrophenia, ce qui me conforte dans ma prime impression : cet album des Who a toujours été ignoble [...]. Jamais vu le Zénith aussi vide [...]­. On peut aller toucher la scène en dix secondes, on peut se promener, on pourrait faire une partie d'échecs ! [...]

Soudain, une symphonie quelconque réveille cette masse et le voile se lève... Mince ! Quel décor ! Des anémones de mer en nylon jaune toutes gonflées sont là comme des gros champignons flottants tandis qu'une sorte de moule géante se lève et se transforme en crabe. Ces Yes [...] arrivent, terrifiants. Le guitariste [...] ressemble au valet bossu de Dracula, celui qui ouvre la porte en courbant l'échine. Le clavier est un spectre blond coiffé à la duguesclin et le chanteur a l'air directement sorti du groupe Toto avec un beau brushing et des mèches impeccables [...]. Mais c'est le bassiste qui est le plus remarquable. Une sorte de vilain géant avec une phénoménale mullet (coupe Longueuil). On dirait un ancien footballeur yougoslave [...]. Toute cette fine équipe salue la salle presque vide et attaque fissa un morceau ignoble. C'est parti ! À côté de moi, un aimable quinquagénaire se lance immédiatement dans un solo de guitare invisible tandis que sa femme au fort tonnage l'observe avec un sourire attendri façon vas-y chéri, ce soir c'est ta fête. Tout autour, ils sont plein à manger des sandwiches thon mayonnaise, les yeux écarquillés comme des lémuriens malgaches. Tout d'un coup, les anémones gonflantes se rapprochent de la batterie et font mine d'agiter des baguettes en rythme. Le public est médusé, n'en revient pas: on dirait des pygmées découvrant le cinéma".

Le reste de l'article est à l'avenant ! De quoi dédier Ferme ta gueule à Jon Anderson !

09 juin 2008

Quelques nouvelles : La rédaction de Ferme ta gueule ! avance. Ce titre me fait décidément sourire...

Les négociations à propos de La nuit soupire quand elle s'arrête se poursuivent.

Je termine en ce moment la lecture d'un roman d'André Héléna, Le Bon Dieu s'en fout, un roman noir existentialiste plus engagé que ses précédents (qui l'étaient quand même : Le Festival des macchabées et Les Salauds ont la vie dure font, d'une certaine manière, l'apologie de la liberté et de l'anarchie qui s'ensuit). C'est le livre de la déveine, de la pluie, du cafard... avec un humanisme très présent qui transparaît à chaque page, malgré le ton blasé du narrateur qui, de temps en temps, s'estompe pour laisser place à une lucidité et à une fragilité d'être blessé par la solitude, l'incompréhension et un destin difficile. Héléna décrit souvent des personnages en proie à des situations difficiles, mais, dans ce dernier livre, il atteint un sommet dans le domaine : on a vraiment l'impression de sentir une sorte de piège se refermer...
Je connais peu la biographie d'Héléna ; je parle en fait de ses années de formation. Quelle enfance a-t-il eue ? Jusqu'à quel point ce qu'il décrit de son personnage (père alcoolique, mère prostituée, enfance vécue dans un bled ouvrier gris et lourd) est-il vrai ? Disons que ça sonne quand même très véridique... L'écriture est comme toujours, fort intéressante. Il y a des comparaisons surprenantes, des liens étonnants entre des idées apparemment disparates ou qui ont peu en commun... En somme, le roman ne raconte pas énormément d'événements, tout est dans l'ambiance, dans les dialogues, dans les descriptions, dans le ton...

En parallèle, je lis la biographie "officielle" du groupe Siouxsie & the Banshees. Ce livre fait revivre un autre nihilisme, celui de l'Angleterre de la fin des années 70. Ce sont les jeunes de cette génération qui ont payé, en quelque sorte, pour l'insouciance hippie des 60s. Le bilan n'est pas beau : désespoir, révolte, impression d'être pris... Malgré cela, le "personnage" de Siouxsie est assez intéressant, avec, notamment, son intérêt pour l'oeuvre de Chas Addams ou pour Emma Peel. Bien des choses s'expliquent alors tout simplement... Au point où j'en suis (1977), il n'est pas encore question de "gothique", mais cela viendra inévitablement.
Autre nouvelle fondamentale pour moi : la parution, ce mois-ci, en CD, de l'album de Dennis Wilson Pacific Ocean Blue, dans une édition "De luxe" (2 CD), avec livret, etc. C'est très émouvant (pour moi, bien sûr). Dennis Wilson était le batteur des Beach Boys, le seul surfeur du groupe, d'ailleurs. C'était, au cours des années 60, le "beau gars" du groupe, avec une gueule carrée et virile, un sourire charmeur. À côté de ses frères Carl (petit gros en retrait) et de Brian (songwriter torturé et en proie au doute), Dennis faisait le poids. On avait aussi l'impression que c'était le "superficiel" du groupe, celui qui passait ses journées à s'amuser et à draguer les filles. Puis, l'âge et venu, l'âge et ses blessures. Dennis a entre autres connu Charles Manson et son groupe. Manson avait d'ailleurs mis la tête de Wilson à prix ! Wilson prit ses distances bien avant les événements de 1969... mais ce genre de situations laisse des traces.

Il aurait voulu d'une vie sentimentale plus stable, mais le destin en voulut autrement. Cela se soldait par blessure sur blessure... et, tout à coup, par des chansons. Les premières (fin des années 60) étaient un peu approximatives, comme des pratiques, puis, tout à coup, elles prirent de l'ampleur, une force mélancolique peu commune et très différente de ce que Brian Wilson écrivait. Dennis travaillait beaucoup au piano, par exemple. L'un des résultats concrets fut l'album Pacific Ocean Blue, vraiment majestueux, paru à la fin des années 70, et réédité "à la sauvette" au début des années 90 (épuisé depuis longtemps, il va sans dire).

Comme il fumait pas mal, sa voix s'est fêlée, éraillée, jusqu'à devenir presque un râle dans ses dernières années. Dennis Wilson est mort noyé en 1983...

23 mai 2008

Ferme ta gueule !

Ça y est, je l'ai commencé, ce deuxième livre écrit pour Coups de tête. Le titre : Ferme ta gueule ! En rupture totale avec la plupart de mes titres précédents. Un autre roman-cri, à la façon de Je hurle à la lune comme un chien sauvage, avec une narration rageuse et carrée... Un autre livre nocturne arrosé de pluie, façon hommage au roman noir des années 50, mais mis à jour, en adéquation avec notre époque, comme l'était Je hurle...L'été s'annonce. Après avoir terminé mes corrections du Cégep, j'ai le temps de lire. Ça arrive peu, pendant la session. Surtout la dernière, où j'ai eu vraiment beaucoup de corrections et de préparations à faire. J'ai donc entamé la lecture de La Main froide de Serge Brussolo. On retrouve la patte typique de l'auteur. On dira ce qu'on voudra pour ou contre Brussolo, c'est vraiment un monde, ce bonhomme. Il a un style reconnaissable entre tous, une ambiance et un univers très particuliers. Même dans ses romans réalistes (comme celui-ci), on a l'impression d'être complètement absorbé dans un univers spécifique, en marge du réel. La force de sa documentation est toujours étonnante, tout est parfaitement intégré et maîtrisé. J'en suis au quart.

Hier, j'ai visionné Malatesta's Carnival of Blood, une série B américaine fort étrange. Je ne peux pas dire que j'ai aimé ça - ça m'ennuyait vraiment, par moments -, mais c'est décidément un film plutôt curieux, un mélange d'avant-garde, de film d'art et d'essai et de série B d'horreur. Après un départ linéaire, ça devient rapidement assez déconstruit et déstructuré. On a droit, en prime, au nain Hervé Villechaize qui déclame des énigmes rimées, le tout avec un accent français à couper au couteau. Bizarre... J'ai eu l'occasion de voir Villechaize dans des contextes assez étonnants par le passé. Je retiens surtout le premier Olivier Stone, Seizure (alias Tango Macabre), tourné au Québec dans un décor très typique, une sorte de thriller onirique dans lequel des vacanciers sont forcés à jouer à des jeux baroques et étranges, aux ordres d'un trio de choc : Mon album du moment : Mosquitos, de Stan Ridgway. Ex-chanteur de Wall of Voodoo. Les chansons sont autant de petites vignettes délicieuses, de véritables nouvelles dotées d'une écriture mordante. On baigne parfois en plein roman noir (Peg & Pete & Me), parfois, c'est plus social... On retrouve aussi quelques chansons sur les exclus du système, tel ce morceau qui conclut l'album, évoquant l'existence quotidienne d'un tenancier de bar qui abreuve d'alcool ce monde assoiffé. La production est très "années 80" (l'album parut en 1989), mais ça ne me dérange pas. Ce sont, je crois, de grandes chansons, et Ridgway demeure une figure-culte fort originale.

À titre d'exemple, l'étonnante Can't Complain :


- How you doin' bert?

-Well, not so good Charlie. My back's gone out and I cut my finger kinda gnarly. The job's the same and so's the boss. He's still a big ass and my wallet got lost. My wife's sick in bed, she says she'll never get well and all these kids today have gone to hell and all that government paperwork caught up with me, had to hire a beancounter for an outrageous fee. And I don't know if the chicken or the egg is to blame, but all things considered, I guess I can't complain..."

-Cheer up, Charlies said, "things could be worse."

-Well, yeah, I know, but did I tell you that my landlord's a cop, my neighbor's insane, but all things considered, I guess I can't compalin...

Out on the water
Where the sailing men all go
The water's high while all the fish swim low[

- You know what Bert, Charlie said, "you got the wrong attitude. Sometimes life's a big game and the paths you can choose. Things may go wrong, but ya gotta stand tall."

- Well I know, Bert said, "but well...that ain't all. My hair's fallingout, the roof leaks when it rains, but all things considered, I guess I can't complain...

- You know what Bert," Charlie said, "you're a real loser, so I'll see younext week if you live 'til then."

And as Bert walked out on the sidewalk, ten floors up, two men lost control of a hoist at just the right time, and a big Steinway grand flattened Bert like a dime. And as a crowd gathered 'round and asked, what was his name? and could it be the chicken or the egg to blame...

Well, the only thing heard was that all things considered, he really couldn't complain. So if you're a loser in life and your gun's out of ammo, just remember this story about Bert and the piano. 'Cause if you can't string the bow and you're clean out of resin, someone may have planned for you a music lesson. So keep your eyes to the sky, it could be a brand name, and remember all things considered, you really can't complain....

22 mars 2008

Daniel Darc, Dark Angel

Voilà quelques mois, vers la mi-janvier, paraissait le dernier album de DANIEL DARC, Amours suprêmes.

Daniel DARC, ex-chanteur du groupe culte français TAXI GIRL. TAXI-GIRL, un groupe "alternatif" des années 80. Daniel DARC, Un survivant sur qui tout a été dit - ou presque -, tout a été écrit - ou presque. Darc, qui se rêvait légende punk, parachuté idole d'une new wave branchée et synthétique à l'aube des années 80 glaciales et artificielles. Ou comment devenir le contraire de ce qu'on voulait être. J'ai découvert sa musique via le meilleur album de TAXI GIRL, Seppuku (1981), dont les textes alignaient tour à tour leurs fantasmagories sombres et tourmentées. Un musée des horreurs qui promettait peut-être des frissons instantanés et faciles, certes, mais, néanmoins... Déjà des chansons de deuils et de violences, Viviane Vog (qui tranche ses veines), La femme écarlate, Avenue du crime, Les damnés, etc. Ambiances musicales à mi-chemin entre les DOORS et les STRANGLERS, avec les claviers proéminents de Laurent Sinclair. Acheté en vynile alors que j'étais adolescent, mais déjà paru depuis une dizaine d'années.TAXI-GIRL, c'était le suicide et l'autodestruction greffés à une musique en apparence anodine. Les membres ont disparu l'un après l'autre : morts, séparations, etc. De cinq qu'ils étaient au départ, à la fin, ils n'étaient que deux. Darc et Mirwais. C'était logique qu'il n'en reste qu'un à un moment donné, soit en 1986... Enfin, si l'on peut dire, puisque les deux ont continué à faire de la musique. Mirwais pour Madonna. Darc pour lui-même. Pas trop difficile de choisir son camp.

Après une absence discographique de plus de dix ans, Darc revenait en 2005 avec CRÈVECOEUR, un album d'une étonnante intensité. Où il donne. Dans le dernier numéro du périodique français ROCK & FOLK, on trouve cette citation qui résume tout :

- J'ai remboursé.

Remboursé les excès, les plaisirs éphémères, les années dissolues.

Et on devine que la facture a été - est encore - considérable.Darc, à qui demande pourquoi il boit et prend de la drogue, pourquoi il se cause ces problèmes, il répond :

- Ce n'est pas un problème, c'est une solution, sinon je serais mort depuis longtemps.

Avant de casser l'ambiance déprimante par cette citation :

- Mick Jagger disait : "Je n'ai pas de problèmes avec la drogue, j'ai des problèmes avec la police".

N'empêche... Au-delà de l'humour (temporaire, mais il faut bien survivre), il reste AMOURS SUPRÊMES, ce dernier album, dont les textes sont d'une telle intensité que, parfois, il vaut mieux ne pas y penser. Chansons-bilans sur les remords, le deuil, la vieillesse, la solitude, l'errance... On s'y perd tout en s'y trouvant. En faisant le bilan à un journaliste d'un périodique goth français (était-ce ELEGY ou THE D-SIDE ? Je ne me souviens plus), il disait :

- Tu sais, quand j'aurai fini cette entrevue et je vais rentrer chez moi. Tout seul. My house is not a home.

Bilan amer. Au moins, Darc aura mis cette douleur au service de sa musique, évitant donc les jeux de mots faciles, les formules vides et autres solutions aisées de beaucoup de paroliers.

Deux documents vidéo pour vous permettre de mieux le connaître. Un extrait d'entrevue. Un clip où il titube et où on peut constater ce qui émane de l'homme et de sa musique. Merci, Daniel, pour me permettre de m'accrocher encore.





Les photos sont tirées du site www.danieldarc.net

28 octobre 2007

Pour quelques messages de plus...

Je ne saurais trop vous conseiller le dernier album de SIOUXSIE (ex SIOUXSIE & THE BANSHEES), "MANTARAY", un très beau retour en force que cet excellent album, peut-être mon préféré parmi les parutions de 2007. Tour à tour flamboyant, retenu, intimiste ou intense, gothique ou aérien (étonnante bossa-nova qui surgit tout à coup vers la fin de l'album)... Sachant que la carrière musicale de Siouxsie a commencé dans les années 70, sachant aussi que le rock, très souvent, relève de la combustion spontanée - et donc que les meilleurs albums des musiciens rock paraissent généralement au début de leur carrière -, ce disque est une très belle surprise...

07 octobre 2007

Cry me a river...

J'ai beaucoup pensé à cette chanson de Julie London, hier.J'ai connu Julie London par le film THE GIRL CAN'T HELP IT ; elle y chante CRY ME A RIVER. Dans THE GIRL CAN'T HELP IT, préfiguration des stars instantanées qui prolifèrent de nos jours, Jayne Mansfield incarne une "chanteuse" dépourvue de talent que son riche amoureux tient absolument à imposer au grand public avec l'aide d'un manager doué mais alcoolique.

Jayne Mansfield : On entend CRY ME A RIVER au milieu du film, alors que le manager en question, complètement ivre, rentre dans son grand appartement vide... S'ensuit une séquence de rêve éveillé où ses fantômes personnels le hantent littéralement.

Jayne et son manager : Beaucoup d'albums de Julie London possèdent une mélancolie feutrée, distillant un effet à la fois cotonneux et bizarrement nostalgique, comme une ville nocturne enveloppée par une nappe de brouillard dense et chaude.Afin de partager cette chanson avec vous, j'ai fait quelques recherches, au terme desquelles j'ai trouvé ce montage réalisé à partir d'extraits du film de Polanski BITTER MOON. Si j'avais eu à me charger du montage, j'aurais choisi des scènes encore plus "crèvecoeur", mais le résultat est néanmoins satisfaisant et il offre l'avantage de faire entendre la chanson tout en permettant d'en lire les paroles. Vous pouvez maintenant laisser la tour mélancolique de Julie London se dresser chez vous pour déverser ses charmes noirs et rouges par les meurtrières qui en percent les flancs.

17 septembre 2007

Le voyage insolite

LE VOYAGE INSOLITE, c'est l'émission de radio hebdomadaire que j'anime. Diffusée sur les ondes du 89, 1 FM, LE VOYAGE INSOLITE traite de littérature et de cinéma, mais est essentiellement vouée à la culture rock, avec penchant pour le psychédélique.

Si vous habitez la région de la Mauricie, vous pouvez écouter cette émission par le biais du 89, 1 FM. Sinon, l'émission est diffusée sur Internet via le site web du 89, 1 FM : www.cfou.ca (cliquez sur "EN DIRECT" - à gauche, parmi les options du menu de la page d'ouverture du 89, 1 FM).

Diffusions : lundi de 19 heures à 20 heures
samedi de 15 heures à 16 heures

Au plaisir,

Frédérick

16 septembre 2007

Dave Dee, Dozy, Beaky, Mick & Tich

Peut-on croire que ce groupe des années 60 ait fait carrière avec un nom pareil ?

Le réalisateur Quentin Tarantino a tiré leur musique du néant dans lequel elle dépérissait. Voici ce joyau sixties pour vous.

15 août 2007

Elvis et moi

Dimanche dernier, décidant de commencer ma journée sur un pied psychotronique, je vais déjeuner à LA BELLE PROVINCE. Autour de moi, des laminés de Marilyn, James Dean, Elvis, forcément... Elvis qui fait la "une" du cahier week-end du JOURNAL DE MONTRÉAL. Des pages et des pages consacrées au "king". En déjeunant, je réfléchis à tout cela.

Longtemps, pour moi, Elvis, ce fut Elvis Gratton (au sens large) : des imitateurs bedonnants, une culture-poubelle, un roi déchu habillé en costume blanc à paillettes dorées, en pleine déliquescence. Et cette musique souvent sirupeuse de la fin, donnant dans la variété la plus souffrante... Qu'est-ce qu'on trouvait à ce bonhomme ? Mystère ! À la rigueur, une belle gueule de jeune premier, pendant sa période années 50.

Puisque c'est quand même un "incontournable", il a fallu que je revienne au mythe. Essentiellement par l'entremise d'un coffret regroupant des enregistrements des années 60, FROM NASHVILLE TO MEMPHIS. À l'écoute, des morceaux extraordinaires et de la variété larmoyante, kitschissime. Néanmoins, l'envie de me faire une compilation. Réunir l'essentiel.

Et voilà comment ça commence...

En fait, ce qui me plaît chez le bonhomme, ce n'est ni sa personnalité, ni son look, mais l'énergie, la qualité, le dynamisme de certains morceaux - le King savait s'entourer de valets de qualité, compositeurs talentueux qui savaient écrire des morceaux juste calibrés à point : un zeste d'ironie subtile, que les initiés apprécieraient... sinon, les autres pourraient en faire une lecture plus naïve, mais vibrer quand même.

Trente ans plus tard, ce qui reste, c'est essentiellement la musique. Des images, bien sûr, mais elles sont peu sans la musique. À preuve, les films, que les anti-Presley aiment mentionner, comme une revanche.

- Et ses films, qu'est-ce que t'en fais ? Hein ? Ils étaient bons ses films, non ? Et le "king", quel acteur... King des comédiens.

Avec le sourire ironique de circonstance.

Pour oublier ces commentaires, il me suffit de réécouter YOU'LL BE GONE, son ambiance de nuit espagnole et sa guitare flamenco.

18 juillet 2007

JE CHANTE À CHEVAL AVEC WILLIE LAMOTHE


Vous aurez compris mon affection pour le cinéma étrange, décalé, inhabituel.

Pour moi, ce cinéma prend une saveur particulière quand il est d'origine québécoise. Le grand livre sur le cinéma de série B québécois demeure à écrire : polars teigneux (GINA) ou ruraux (LE GRAND ROCK), fantastiques étranges (LE DIABLE EST PARMI NOUS), comédies débiles (Y A TOUJOURS MOYEN DE MOYENNER) ou "sexy" (LES CHATS BOTTÉS), même le western québécois existe (MUSTANG). Cet univers country/western est d'ailleurs très présent dans une certaine société québécoise. Ce qu'il y a de fascinant là-dedans, c'est que ce monde est à la fois en marge ET très populaire. Soutenu par quelques rares médias seulement (Par exemple, CJMS 1040, qui diffuse encore en mono, bande AM oblige !), le genre n'en est pas moins vigoureux, en témoignent les ventes incessantes de CD country en français ou en anglais, le festival western de St-Tite (événement annuel psychotronique et délirant), etc.


La compagnie de disques québécois MÉRITE (www.disquesmerite.com) a d'ailleurs réédité l'an dernier un grand nombre de CD de country québécois. J'aurai sans doute l'occasion de dire plus longuement, dans un avenir à déterminer, tout le bien que je pense de cette compagnie dont le travail de présentation et de remastérisation est extraordinaire.


Aujourd'hui, en fait, je voulais vous parler d'un film québécois dont le titre titre, déjà, est un programme à lui seul : JE CHANTE À CHEVAL AVEC WILLIE LAMOTHE.


Pendant 53 minutes, ce documentaire québécois produit par l'ONF suit les traces du " cowboy canadien-français ", Willie Lamothe, accompagné du (bon) guitariste Bobby Hachey. Des scènes de concerts divers sont entrecoupées d'entrevues de Lamothe et de collaborateurs. Pas piqué des vers, ce documentaire est fort amusant...

On y découvre bien entendu des moments pris sur le vif pendant le Festival western de St-Tite, qui en était alors à ses débuts (1971). Lamothe s'impose comme un luron de type plutôt joyeux, peu avare en anecdotes en tous genres. Populiste dans son approche, il refuse le star-system, préférant plutôt être près des gens.

À cet égard, la scène anthologique d'une mémé racontant comment elle est impressionnée de voir "en vrai" des vedettes de la télé est assez précieuse. La dame en question nous raconte candidement avoir vu des vedettes "au magasin". Pour ne pas les incommoder, elle se cache entre deux rayons, et ainsi, elle peut longuement les observer !

D'autres scènes sont tirées de l'émission de télé LE RANCH À WILLY, avec le comique québécois "le Père Gédéon", doté d'un accent du terroir caricatural, qui n'hésite pas à sermonner Willy : "Tu t'es fait fourrer en achetant c'te vache-là" !

Willy et les animaux, alors ? Il a mis du temps à s'acheter un cheval, mais on lui disait qu'un chanteur de "musique western canadienne" ne pouvait pas vivre sans le fidèle compagnon du cow-boy. Lamothe finit par obtempérer, mais son cheval est moins docile qu'on ne le croirait.

JE CHANTE À CHEVAL AVEC WILLIE LAMOTHE propose aussi des images du groupe du fils de Willie : OFFENBACH. C'est l'occasion de découvrir un Gerry Boulet jeune et moustachu, qui chante en anglais tout en plaquant deux accords rock and roll sur son orgue. Le cow-boy canadien reconnaît être un peu désorienté face à cette musique, mais il encourage son fils dans sa passion. Après le hockey et le golf, pourquoi pas le rock québécois viril, après tout (cela dit, j'aime bien la messe rock d'Offenbach) ?

Certaines scènes donnent du "western canadien" une image un peu pathétique ; Willie Lamothe entouré de grâces croulantes qui faussent allègrement, des paroles profondes du genre "Quand le soleil sourit aux montagnes", Willie donnant un concert pendant un encan ou chantant "Alouette, gentille alouette" avec un enfant, autour d'un feu... Disons qu'on pourrait recommander le visionnement à un grand dépressif. Les chances de guérison augmenteraient sans doute. Ça et une visite au marché aux puces, rien de mieux pour redonner un sens à votre vie.

Pour une image encore plus décadente et abrasive du chanteur, on se reportera au film de Gilles Carle LA MORT D'UN BÛCHERON, où il incarne un tenancier de cabaret d'un genre assez extravagant.

JE CHANTE À CHEVAL AVEC WILLIE LAMOTHE fut produit par l'ONF, dont le catalogue est moins austère qu'on pourrait le croire à première vue.