En cette période de festivités, nous avons pensé vous offrir quelques clichés atypiques de nos enfants griffus en guise de cadeau des Fêtes.
Au plaisir de vous revoir en 2011...
Ariane et Frédérick
23 décembre 2010
03 décembre 2010
Le cinéma fantastique mexicain
En ce mois de décembre, quoi de mieux pour nous réchauffer que le soleil du Mexique ?
Étant de longue date fan du cinéma populaire mexicain, j'ai décidé de vous présenter deux films de cette cinématographie nationale haute en couleurs. Les amateurs de surréalisme et de cinéma-délire y trouveront certainement leur compte.
Quiconque a déjà expérimenté les joies du cinéma populaire mexicain a déjà une idée de Ladron de cadaveres (en français : Le monstre sans visage !), ce film d’épouvante typique du genre. On y retrouve un lutteur masqué, un savant fou, une secrétaire amoureuse, des policiers maladroits, un laboratoire qui accueille des expériences douteuses, du mélo, du catch, un monstre, etc.Le scénario nous présente un savant (fou naturellement), qui souhaite conquérir le monde (comme beaucoup de savants fous, d'ailleurs !). Son plan : s’emparer de lutteurs, les lobotomiser afin de pouvoir les dominer complètement et, avec cette armée, commencer son plan de domination !
Rien de bien sérieux, donc, pour le spectateur, surtout que la bande en question a (bien) vieilli et, avec l’âge, s’est installée une tenace propension à prendre l'ensemble au second degré. Les combats de catch sont curieusement violents, l’humour bon enfant y règne, et le look du monstre est à lui seul tout un programme.
Le noir et blanc glorieux de l’époque éveille parfois des réminiscences gothiques teintées d’expressionnisme, particulièrement quand l’ombre géante du monstre se découpe sur un mur devant lequel s’enfuit une foule terrorisée. Exemple parfait du film « de série B » et psychotronique à regarder entre amis pour rigoler. La brève durée de la chose (68 minutes en VF, probablement coupée par rapport à la version en espagnol qui dure 12 minutes de plus) rend le visionnement encore plus intense, et l’on se retrouve bouche bée devant une fin abrupte et déroutante, malgré son caractère paradoxalement conventionnel.
Étant de longue date fan du cinéma populaire mexicain, j'ai décidé de vous présenter deux films de cette cinématographie nationale haute en couleurs. Les amateurs de surréalisme et de cinéma-délire y trouveront certainement leur compte.
Quiconque a déjà expérimenté les joies du cinéma populaire mexicain a déjà une idée de Ladron de cadaveres (en français : Le monstre sans visage !), ce film d’épouvante typique du genre. On y retrouve un lutteur masqué, un savant fou, une secrétaire amoureuse, des policiers maladroits, un laboratoire qui accueille des expériences douteuses, du mélo, du catch, un monstre, etc.Le scénario nous présente un savant (fou naturellement), qui souhaite conquérir le monde (comme beaucoup de savants fous, d'ailleurs !). Son plan : s’emparer de lutteurs, les lobotomiser afin de pouvoir les dominer complètement et, avec cette armée, commencer son plan de domination !
Rien de bien sérieux, donc, pour le spectateur, surtout que la bande en question a (bien) vieilli et, avec l’âge, s’est installée une tenace propension à prendre l'ensemble au second degré. Les combats de catch sont curieusement violents, l’humour bon enfant y règne, et le look du monstre est à lui seul tout un programme.
Le noir et blanc glorieux de l’époque éveille parfois des réminiscences gothiques teintées d’expressionnisme, particulièrement quand l’ombre géante du monstre se découpe sur un mur devant lequel s’enfuit une foule terrorisée. Exemple parfait du film « de série B » et psychotronique à regarder entre amis pour rigoler. La brève durée de la chose (68 minutes en VF, probablement coupée par rapport à la version en espagnol qui dure 12 minutes de plus) rend le visionnement encore plus intense, et l’on se retrouve bouche bée devant une fin abrupte et déroutante, malgré son caractère paradoxalement conventionnel.
Le doublage français est assez amusant. Par exemple, dans un bureau de police, un policier s’écrie en voyant la photo d’un inconnu : « Lui, c’est un maniaque, ça ne fait aucun doute ». Comme quoi les forces de l’ordre mexicaines sont douées de clairvoyance ! Le réalisateur Fernando Mendez s’est surtout illustré dans ce genre fantastique, avec des films comme The Living Coffin, Los Diablos del terror ou Misterios de ultratumba !Si vous avez envie d'un plat plus relevé, que dire de Night of the Bloody Apes (Le titre original, La horripilante bestia humana se traduirait savoureusement en français par : L'horrible bête humaine) ? Ici aussi, on retrouve les éléments essentiels du film mexicain «commercial», à savoir : lutteurs (lutteuses, dans le cas présent), aspect pulp tout droit sorti d’un feuilleton, mélo, coups de théâtre invraisemblables et une bonne dose d’absurdité et d’humour involontaire.Ce titre fut réalisé par René Cardona, figure emblématique de la série B mexicaine, réalisateur protéiforme dont le fils a continué d’assumer la bizarre succession, à l’instar de Lamberto Bava. Cardona réutilise souvent les mêmes motifs et les mêmes thèmes. Night of the Bloody Apes, par exemple, constitue le re-make mis à jour à la saveur 70s (lire : plus délibérément audacieux dans la représentation de la violence et de l'érotisme) de son Doctor of Doom de 1962 – un meilleur film, à mon avis, d’ailleurs - lui aussi doté d'un titre original assez inoubliable : Las Luchadoras contra el médico asesino (Les lutteuses contre le médecin meurtrier). En cette année 1971, il fallait satisfaire un public devenu de plus en plus blasé, en quête de sensations fortes. Cardona s’efforce de remplir son mandat à l’aide de stock-shots d’une opération chirurgicale peu finement amenés (plan : un homme tient le visage de l’opéré et un autre s’agite vers le cœur ; contre-plan : quatre mains de vrais médecins sont au travail), de crimes commis par le « singe sanglant » du titre, d’effets gore aussi primaires qu’agressants et de femmes qui sortent de la douche (le réalisateur en utilise si souvent que ce motif, a priori conventionnel, finit par étonner).
Du coup, on se trouve face à un curieux hybride : le canevas du cinéma mexicain bon enfant et naïf, auquel se greffent des images destinées à un public averti. Le lien qui unit ces éléments est bien entendu l’humour involontaire qui permet à Night of the Bloody Apes de n’être absolument pas traumatisant. Le scénario suffirait à vous éclairer:
Julio, Le fils du brillant médecin Krauzman est très malade et va mourir. Le père inquiet a une idée : pourquoi ne pas lui greffer le cœur d’un gorille ? Or, il n’a pas prévu un hic : une fois greffé, son fils se transforme en singe dément qui tue tout ce qui bouge, redevenant un humain de temps en temps (à la Jekyll et Hyde ou encore, pour les lycanthrophiles parmi vous, à la façon d’un loup-garou). Parallèlement à cette première histoire se déroule celle d’une lutteuse qui a plongé une adversaire dans le coma sans le vouloir. Rongée par les remords, elle songe à abandonner sa carrière…
Comme film « psychotronique », on ne fait pas mieux, et Night of the Bloody Apes, pour peu qu’on soit disposé à l’accueillir dans des conditions favorables, peut créer une certaine euphorie, grâce au jeu imperturbable des acteurs, au doublage anglais, à l’aspect incroyablement bizarre du mélange (stock-shots + effets gore douteux + scénario pulp + musique mélodramatique + combats de catch, etc.). Les surréalistes auraient apprécié. Peut-être que cela sera votre cas ?
Passez de joyeuses fêtes...
09 novembre 2010
À la découverte des régions inexplorées du Québec
- Billet écrit en collaboration avec Ariane
Toujours en quête de lieux inédits et de sensations inusitées, nous vous proposons ce mois-ci une visite guidée de l'arrière-pays québécois, mauricien qui plus est, à la découverte d'un village pittoresque et peu connu : Parent.
En effet, cette fin de semaine, nous avons quitté Trois-Rivières pour prendre le train à Shawinigan, en direction de ce petit village isolé en Haute-Mauricie, à mi-chemin entre La Tuque et Senneterre, en Abitibi. Il est intéressant de savoir que le village a été fondé à l'époque de la construction du chemin de fer national transcontinental, débutée en 1908, pendant le développement de l'Abitibi-Témiscamingue. Le premier train desservit Parent en 1913, puisque le village devint pour un temps un terminal (point d'arrêt) important.
Puisque avec nous, les fantômes ne sont jamais loin, cédons-leur la place avant qu'ils ne se fassent trop insistants. Selon une légende, plusieurs travailleurs sont apparemment morts pendant la construction de la voie ferrée, des plus pénibles. Pour ajouter au décorum, des cadavres d'ouvriers auraient même servi ici et là de ballast aux rails! Sur l'image, nous pouvons d'ailleurs repérer, non pas les victimes, mais plutôt les différentes lignes de chemin de fer encore accessibles aux passagers (dans notre cas, nous avons emprunté le trajet en gris).
Puisque avec nous, les fantômes ne sont jamais loin, cédons-leur la place avant qu'ils ne se fassent trop insistants. Selon une légende, plusieurs travailleurs sont apparemment morts pendant la construction de la voie ferrée, des plus pénibles. Pour ajouter au décorum, des cadavres d'ouvriers auraient même servi ici et là de ballast aux rails! Sur l'image, nous pouvons d'ailleurs repérer, non pas les victimes, mais plutôt les différentes lignes de chemin de fer encore accessibles aux passagers (dans notre cas, nous avons emprunté le trajet en gris).
À l'époque de la fondation de Parent, en 1910, le train desservait donc les différents hameaux établis tout au long des quelques centaines de kilomètres de rails. Aujourd'hui, la plupart de ces villages ont été reconvertis en chalets pour vacanciers, à quelques exceptions près : Wendigo, Weymontache, Clova et... Parent. Mais la carte porte encore des traces de l'existence de ces anciennes agglomérations, comme nous pouvons le voir ici :
Nous avons donc pris le train le vendredi pour un voyage de près de six heures. Il pleuvait lors du départ à Shawinigan, comme le montre ce cliché de la gare :En chemin, Ariane, en bonne diablesse, ne peut résister à la tentation de prendre des photos du paysage, qui donne l'impression de se balader en pleine forêt ou au bord d'un lac. Par moments, nous avons également l'illusion, tant les arbres et les rochers sont à proximité, qu'ils vont nous percuter à travers les fenêtres. Quelques images éparses du trajet :
Ici, l'isolement est presque complet... Difficile d'imaginer l'existence de tous ces habitants, au milieu de nulle part, au début du siècle dernier...
Correction de dissertations à bord... Pendant ce temps, Ariane corrige une nouvelle sur le Wendigo.
Nous arrivons finalement à Parent, dont les rues sont recouvertes de plusieurs centimètres de neige, à notre étonnement. Nous ne sommes après tout que le 5 novembre et avons pris le train sous l'averse...
La preuve (traces de pas suspectes découvertes en arrivant, qui conduisaient à l'antre d'un Wendigo) :
Ici, la connexion Internet est hasardeuse, d'une lenteur considérable. Soulignons pour l'anecdote que l'ensemble de la population n'a eu accès au signal de télévision qu'en... 1973.
Sur l'affiche : un concours de panaches !
L'ancienne quincaillerie de la ville... Comme nous l'apprendra notre visite, le village a déjà connu des temps plus prospères... Aujourd'hui, il ne reste en guise de commerces que deux stations services, une épicerie, des dépanneurs et différents lieux d'hébergement, avec leurs restaurants respectifs.
D'intrépides grizzlis cheminent le long de la façade rose de cette maison.
En chemin, outre les nombreuses maisons à vendre, nous croisons plusieurs demeures à l'abandon, aux vitres souvent cassées, laissées telles des ruines offertes aux assauts du temps... Sur la rue Principale, l'impression d'avancer dans une ville fantôme devient parfois persistante.
Quelques exemples :
La rivière... Les effets du froid, vraiment mordant, se font sentir après plus de deux heures de promenade... Regagnons sagement le motel placé sous la protection de l'orignal totémique.
Le lendemain matin, le retour approche, nous regagnons finalement la gare de Parent. Le Wendigo a encore sévi cette nuit :
Attente près des rails...
Le voyage aura permis de découvrir une région méconnue du Québec, dont l'isolement permet aussi d'échapper au rythme urbain qui est habituellement le nôtre.En espérant que la promenade et ses images vous ont été agréables et vous ont permis de voyager dans les rues prématurément enneigées de Parent !
02 octobre 2010
Richard Blade porte fièrement l'étendard des mauvais genres
Non, ce n'est pas le nom d'un groupe yé-yé des années 60, mais bel et bien une série de romans publiés sous la bannière "Gérard de Villiers présente", et qui compte à son actif pas moins de... 194 titres !Comme souvent, quand vient le moment d'aborder un sujet torrentiel, il est difficile de structurer et de canaliser ses idées, surtout dans le cadre d'une modeste entrée de blogue, qui se veut conviviale et à la bonne franquette, loin d'une étude universitaire du sujet.
Au fil des années, j'ai souvent eu l'occasion de voir la bannière "Gérard de Villiers présente" sur différents livres de littérature résolument populaire, que ce soit par l'entremise de la série d'espionnage SAS (que je n'ai d'ailleurs jamais lue, n'étant guère friand du genre) ou dans le cadre d'autres projets éditoriaux, entre autres une curieuse "Intégrale" des oeuvres du romancier français Serge Brussolo qui s'est arrêtée à une vingtaine de titres (alors que son oeuvre en compte environ cent-cinquante...).
Plus récemment, dans le cadre de mon billet consacré aux littératures "post-apocalyptiques", je vous entretenais de deux séries placées sous l'égide de GdV, soit Le Survivant et Jag. Lors de visites en librairie, j'ai maintes fois vu les romans de la série Blade, bradés à des prix plus ou moins dérisoires. Qu'est-ce que c'était ? Je ne m'étais jamais réellement posé la question jusqu'à plus récemment, lorsque la longévité de cette série m'a intrigué. Quelques recherches sur le web n'ont, en plus, guère révélé d'informations, à part des critiques disparates et un survol de la série par Thomas Bauduret. On y apprend qu'au départ, la collection était signée par différents auteurs anglophones (sous le pseudo collectif de "Jeffrey Lord"), puis qu'après une quarantaine de titres, des inédits de langue française ont permis à la série de se poursuivre, parfois sous des plumes surprenantes, comme celle, acérée, de la corrosive Nadine Monfils.Les titres de ces romans me faisaient souvent sourire par leur outrance à refuser la "respectabilité littéraire". On retrouve entre autres ces noms baroques et rébarbatifs typiques du genre "fantasy". Des exemples :
- L'EAU DORMEUSE DE DRAAD
- LES CINQ ROYAUMES DE SARAM
- LES DRAGONS D'ANGLOR
- LA TRIBU ROUGE DES KARGOIS
- LES ANDROÏDES DE MAK LOH
On est loin de Marguerite Duras... Je dois dire que le caractère "sériel" de ces titres m'amusait, mais était insuffisant à m'intriguer. Par contre, d'autres titres annonçaient un baroquisme plus séduisant :
- L'échiquier vivant du Hongshu
- La forêt carnivore de Jaghd
- Les Sept duchés du fleuve cramoisi
- L'empire des écailles
- Le soleil sous la terre
- Le cimetière des hommes-machines
- Les convulsions du temps
- L'agonie de la planète sans ciel
- Le collège des invisibles
- Planète carnage
À dose plus ou moins à intense, ces titres promettent tous quelque chose de curieux... Et puis, quelle série peut vraiment compter 194 titres sans se renouveler ?Pour me faire une idée, j'ai lu le premier volume, La Hache de bronze. On y fait la connaissance de Richard Blade, agent secret qui a toutes les qualités. La première page du livre profite de cette mise en situation pour nous présenter des pronostics sur le futur : Dans le London Times, "Blade lut qu'en l'an 2000, des animaux intelligents seraient sans doute utilisés pour certains travaux pénibles [...]. Un gorille contremaître dirigeant des équipes de chiens, de mulets et de chevaux ? Avec un chimpanzé à la comptabilité ?" Le supérieur hiérarchique de notre héros l'envoie visiter un scientifique bossu ("le plus grand savant de Grande-Bretagne") dans un labo souterrain (!) presque entièrement occupé par un ordinateur géant (le livre fut écrit en 1969). Pour la gloire de l'Angleterre, Blade accepte de se livrer à une expérience scientifique : on le branche littéralement à un ordinateur qui l'envoie dans un monde inconnu, qui existe autour de nous sans qu'on puisse le voir ("L'ordinateur a brouillé ses cellules cervicales de manière à lui permettre de voir, et d'exister, dans une dimension que nous ne pouvons ni voir ni comprendre, alors qu'elle est peut-être même autour de nous en ce moment même. Nous la traversons peut-être, en ignorant son existence. Pour parler plus simplement, ce n'est rien de plus que ce sifflet à chiens, que le chien entend mais que vous n'entendez pas. Le son est pourtant là !"). Et voilà, le tour est joué !Chaque aventure de Blade l'enverra dans une dimension différente, ce qui lui permettra d'évoluer dans des univers plus traditionnels ou plus éclatés. Bien sûr, ce premier tome de la série ne permet guère de juger de l'ensemble (forcément, les débuts sont toujours plus sages), mais déjà, la lecture ne manquait pas d'un certain piquant, rehaussé par un humour involontaire et par un aspect anarchique appréciable. Propulsé dans une dimension typiquement "fantasy", Blade rencontre un geôlier laid ("Un gaillard impudent aux cheveux clairsemés qui louchait atrocement et qu'un bec-de-lièvre défigurait") qui deviendra son allié, aux côtés d'une princesse revêche ("Elle planta ses poings sur ses hanches et le considéra d'un air exaspéré") et d'un homme d'armée homosexuel (qui passe son temps à dire à Blade : "J'ai de l'amitié pour toi") ! Ce quatuor "de choc" connaîtra des aventures plus ou moins débridées, au cours desquelles notre Blade titulaire devra entre autres combattre plusieurs ours dans une arène, faire connaître le plaisir à une reine vieillissante affublée d'une perruque qui ne tient pas en place (au terme de leur étreinte, Blade la laisse endormie, alors que "la perruque était tombée par terre et [qu']à la lumière vacillante de la chandelle, elle n'était plus qu'une vieillarde chauve à la figure peinte"), affronter un géant dans un cercle de flammes, sous les insultes d'une populace déchaînée, se libérer de l'emprise d'une sorcière qui tente de l'hypnotiser, etc. Un sacré programme, loin, très loin de l'autofiction... Au terme de ma lecture, une question troublante subsiste. Selon l'adage, "dis-moi ce que tu lis, et je te dirai qui tu es". Que dois-je comprendre ?Par ailleurs, en terminant, si vous voulez lire un texte assez amusant d'un collègue blogueur, allez visiter cette page du blogue du Docteur Pascal, où il nous confie pourquoi il ne sort plus guère au cinéma ces jours-ci. Difficile de lui donner tort, tant l'expérience qu'il décrit s'apparente hélas à un rituel obligé !
Au fil des années, j'ai souvent eu l'occasion de voir la bannière "Gérard de Villiers présente" sur différents livres de littérature résolument populaire, que ce soit par l'entremise de la série d'espionnage SAS (que je n'ai d'ailleurs jamais lue, n'étant guère friand du genre) ou dans le cadre d'autres projets éditoriaux, entre autres une curieuse "Intégrale" des oeuvres du romancier français Serge Brussolo qui s'est arrêtée à une vingtaine de titres (alors que son oeuvre en compte environ cent-cinquante...).
Plus récemment, dans le cadre de mon billet consacré aux littératures "post-apocalyptiques", je vous entretenais de deux séries placées sous l'égide de GdV, soit Le Survivant et Jag. Lors de visites en librairie, j'ai maintes fois vu les romans de la série Blade, bradés à des prix plus ou moins dérisoires. Qu'est-ce que c'était ? Je ne m'étais jamais réellement posé la question jusqu'à plus récemment, lorsque la longévité de cette série m'a intrigué. Quelques recherches sur le web n'ont, en plus, guère révélé d'informations, à part des critiques disparates et un survol de la série par Thomas Bauduret. On y apprend qu'au départ, la collection était signée par différents auteurs anglophones (sous le pseudo collectif de "Jeffrey Lord"), puis qu'après une quarantaine de titres, des inédits de langue française ont permis à la série de se poursuivre, parfois sous des plumes surprenantes, comme celle, acérée, de la corrosive Nadine Monfils.Les titres de ces romans me faisaient souvent sourire par leur outrance à refuser la "respectabilité littéraire". On retrouve entre autres ces noms baroques et rébarbatifs typiques du genre "fantasy". Des exemples :
- L'EAU DORMEUSE DE DRAAD
- LES CINQ ROYAUMES DE SARAM
- LES DRAGONS D'ANGLOR
- LA TRIBU ROUGE DES KARGOIS
- LES ANDROÏDES DE MAK LOH
On est loin de Marguerite Duras... Je dois dire que le caractère "sériel" de ces titres m'amusait, mais était insuffisant à m'intriguer. Par contre, d'autres titres annonçaient un baroquisme plus séduisant :
- L'échiquier vivant du Hongshu
- La forêt carnivore de Jaghd
- Les Sept duchés du fleuve cramoisi
- L'empire des écailles
- Le soleil sous la terre
- Le cimetière des hommes-machines
- Les convulsions du temps
- L'agonie de la planète sans ciel
- Le collège des invisibles
- Planète carnage
À dose plus ou moins à intense, ces titres promettent tous quelque chose de curieux... Et puis, quelle série peut vraiment compter 194 titres sans se renouveler ?Pour me faire une idée, j'ai lu le premier volume, La Hache de bronze. On y fait la connaissance de Richard Blade, agent secret qui a toutes les qualités. La première page du livre profite de cette mise en situation pour nous présenter des pronostics sur le futur : Dans le London Times, "Blade lut qu'en l'an 2000, des animaux intelligents seraient sans doute utilisés pour certains travaux pénibles [...]. Un gorille contremaître dirigeant des équipes de chiens, de mulets et de chevaux ? Avec un chimpanzé à la comptabilité ?" Le supérieur hiérarchique de notre héros l'envoie visiter un scientifique bossu ("le plus grand savant de Grande-Bretagne") dans un labo souterrain (!) presque entièrement occupé par un ordinateur géant (le livre fut écrit en 1969). Pour la gloire de l'Angleterre, Blade accepte de se livrer à une expérience scientifique : on le branche littéralement à un ordinateur qui l'envoie dans un monde inconnu, qui existe autour de nous sans qu'on puisse le voir ("L'ordinateur a brouillé ses cellules cervicales de manière à lui permettre de voir, et d'exister, dans une dimension que nous ne pouvons ni voir ni comprendre, alors qu'elle est peut-être même autour de nous en ce moment même. Nous la traversons peut-être, en ignorant son existence. Pour parler plus simplement, ce n'est rien de plus que ce sifflet à chiens, que le chien entend mais que vous n'entendez pas. Le son est pourtant là !"). Et voilà, le tour est joué !Chaque aventure de Blade l'enverra dans une dimension différente, ce qui lui permettra d'évoluer dans des univers plus traditionnels ou plus éclatés. Bien sûr, ce premier tome de la série ne permet guère de juger de l'ensemble (forcément, les débuts sont toujours plus sages), mais déjà, la lecture ne manquait pas d'un certain piquant, rehaussé par un humour involontaire et par un aspect anarchique appréciable. Propulsé dans une dimension typiquement "fantasy", Blade rencontre un geôlier laid ("Un gaillard impudent aux cheveux clairsemés qui louchait atrocement et qu'un bec-de-lièvre défigurait") qui deviendra son allié, aux côtés d'une princesse revêche ("Elle planta ses poings sur ses hanches et le considéra d'un air exaspéré") et d'un homme d'armée homosexuel (qui passe son temps à dire à Blade : "J'ai de l'amitié pour toi") ! Ce quatuor "de choc" connaîtra des aventures plus ou moins débridées, au cours desquelles notre Blade titulaire devra entre autres combattre plusieurs ours dans une arène, faire connaître le plaisir à une reine vieillissante affublée d'une perruque qui ne tient pas en place (au terme de leur étreinte, Blade la laisse endormie, alors que "la perruque était tombée par terre et [qu']à la lumière vacillante de la chandelle, elle n'était plus qu'une vieillarde chauve à la figure peinte"), affronter un géant dans un cercle de flammes, sous les insultes d'une populace déchaînée, se libérer de l'emprise d'une sorcière qui tente de l'hypnotiser, etc. Un sacré programme, loin, très loin de l'autofiction... Au terme de ma lecture, une question troublante subsiste. Selon l'adage, "dis-moi ce que tu lis, et je te dirai qui tu es". Que dois-je comprendre ?Par ailleurs, en terminant, si vous voulez lire un texte assez amusant d'un collègue blogueur, allez visiter cette page du blogue du Docteur Pascal, où il nous confie pourquoi il ne sort plus guère au cinéma ces jours-ci. Difficile de lui donner tort, tant l'expérience qu'il décrit s'apparente hélas à un rituel obligé !
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