Sur ce blogue, j’ai eu l’occasion de parler à quelques
reprises d’un auteur étonnant (et méconnu) : Marilyn Valojie (1925-1995),
alias Marilyn Baker, Marco, Maïk Vegor et peut-être encore quelques d’autres
(Cona Rankin ?). De son vrai nom Jack Coutela, l’ex-dirigeant de la Wicca
International Witchcraft est mort dans des circonstances tragiques après avoir
mené une existence singulière, laissant derrière lui une œuvre hétéroclite et
difficile à circonscrire. S’y côtoient romans fantastiques et d’épouvante,
polars, romans historiques, récits sentimentaux, écrits ésotériques, bandes
dessinées, etc. Ces livres ont souvent été publiés par des éditeurs éphémères
(Monnet, Odepi…) dans des collections tout aussi éphémères (Terrific,
Magie/Sorcellerie…). S’il écrivait sans cesse, semble-t-il, Coutela ne connut
jamais la fortune grâce à ses écrits. Pourtant, son style est aisément
reconnaissable par certaines constantes, notamment une obsession pour les
héroïnes dont le nom commence par la lettre M (Maïk, Mic, Marghrete, Marilyn,
Maryse, Marie et ainsi de suite).
À la lecture des cinq romans qui
forment le cycle consacré au personnage de Maïk, il est permis de
regretter que les romans d’angoisse de cet auteur n’aient pas connu un plus
grand retentissement. Selon Bernard Joubert (Dictionnaire des livres et
journaux interdits), la Commission de surveillance française demanda, sans
l’obtenir, la triple interdiction de certains volumes de la série pour les
motifs suivants : « recherche constante de l’horreur »,
« illustrations malsaines » et même (mon favori !) « récits de supplices
atroces et compliqués » !Je me demande ce que sont devenues les archives de cet auteur, archives qui contiennent probablement des manuscrits inédits (le cycle consacré au personnage de Maïk n’a pas été publié dans son intégralité, par exemple).
Les
rééditions des œuvres de J. Coutela sont rares, comme on s’en doute. Toutefois,
cette année, l’un des romans signés Marilyn Valojie a eu cet honneur, j'ai nommé :
La réédition est parue en mai dernier dans la collection
« Le Cercle Poche », qui réunit des romans érotiques d’une grande
variété. Cet étonnant récit n’est certes pas destiné au grand public, ne
serait-ce que par son sujet : la clystérophilie, autrement dit :
l’émoi érotique produit par les lavements !
On
reconnaît ici la « patte » de l’auteur, habitué des narrations au
« je ». C’est un conteur habile qui sait garder le lecteur en alerte
grâce à un style à la fois simple et fluide. Malgré les paraphilies abordées,
il parvient – à mon avis – à éviter de sombrer dans le scabreux. Évidemment,
c’est une question de point de vue, et je n’ai aucune peine à imaginer les cris
scandalisés que pourraient pousser certains lecteurs en découvrant cet ouvrage.
Le roman baigne dans une atmosphère joviale qui fait écho au titre. La narratrice, Maryse, recherche avant tout
l’épanouissement en compagnie d’amis qui ne jugent pas ses singularités, et le
roman se permet quelques réflexions au sujet du conformisme sans pour autant
donner dans le didactisme ou la propagande. Une fois terminé, l’ouvrage laisse
une impression d’hédonisme heureux, surtout qu’il emploie par moments un
certain humour et qu’il pose un regard affectueux sur les différents
personnages qui le peuplent, des personnages bienveillants et attentifs les uns
envers les autres…
Ci-dessous, une revue ésotérique dirigée par Miss Valojie :
À présent, ce qu’il faudrait
rééditer, hormis les Maïk Vegor, c’est la longue saga consacrée au personnage
de Marilyn (7 tomes), laquelle se concluait par un métissage de fantastique et
d’érotisme : Marilyn et les filles. Un huitième volume (Marilyn en
croisière) fut annoncé par l’éditeur (Polyéditions), mais ne parut jamais.
Poussait-il plus loin l’exploration d’une « littérature sorcière » ?
Bonne année 2012 à tous.
7 commentaires:
J'ai comme un genre de kick sur ta bibliothèque.
Ça prendrait des éditions électroniques pour faire revivre ces livres. Comme pour ces romans américains : http://neatopotato.net/xnovel/
Merci pour le mot, Ed. Tes livres font d'ailleurs partie de cette bibliothèque excentrique (j'ai lu et apprécié les deux, soit dit en toute simplicité).
Moi qui crois souvent être arrivé au bout de mes surprises, je n'en vois pas la fin (heureusement !).
Ci-dessous, un exemple de collection éminemment bizarre :
http://www.noosfere.com/icarus/livres/collection.asp?NumCollection=632&numediteur=3899
Beaucoup de romans mériteraient une seconde vie, en effet ! Il faudrait conserver une présentation fidèle à leur page couverture d'époque (après tout, quand on réédite un album, on conserve la même pochette, qui fait partie du charme de l'objet).
En espérant que tu survives à ton régime de bacon intensif, bonne année 2012 !
Je dis bravo !
;-)
Je me suis procuré « Pour le bonheur de Maryse ». Je t'en donnerai des nouvelles une fois la chose lue :)
Oh ! Surprenant...! Enfin, tu verras que ce n'est pas le genre de livre qu'on lit tous les jours.
Cela dit, j'ai une affection particulière pour la série des Maïk Vegor (5 tomes), du même auteur. Ariane l'a aussi lue au complet et beaucoup apprécié. Si d'aventure tu les trouves (sur certains sites d'enchères bien connus, ces titres sont souvent disponibles), ça vaut le coup.
Mes félicitations pour tes parutions à venir, par ailleurs.
Toujours aussi éducatif, ton blogue, Frédérick. :-)
Joël Champetier
Merci pour le commentaire !
Merci aussi à tous d'avoir pris le temps de laisser un mot ici. C'est apprécié !
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