01 mai 2010

Collections fantastiques inusitées

Ce mois-ci, je vous présente quelques collections de littérature fantastique insolites et peu connues. En effet, au-delà des classiques du genre, des collections célèbres ou établies, d'autres tentatives ont vu le jour décennies après décennies. Il serait téméraire de vouloir en faire la recension complète dans le cadre forcément limité de ce blogue, mais l'idée de présenter un échantillon représentatif m'est venue.

Je me suis concentré surtout sur les projets éditoriaux bizarres et hors du commun, à commencer par la série

LES AVENTURES DE DRACULA, publiée aux éditions Bel Air durant les années 1960.Quelques recherches du côté du sympathique Forum BDFI m'ont permis d'en savoir plus quant à ce fort curieux projet éditorial. L'une des particularités de cette série traduite de l'italien était la manie (du traducteur ? de l'auteur ?) de mentionner sans arrêt et en lettres majuscules, comme si l'auteur hurlait leur nom, différentes marques d'alcool, qui sponsorisaient probablement l'entreprise. Le résultat de ce "placement de produit" peu subtil est, bien sûr, à la limite de l'absurde. Dans l'ouvrage Le Chat noir, on trouve entre autres ce type de phrases:

"Le juge Harrison se leva en repoussant le verre de OLD CROW BOURBON vers le lampadaire du dix-huitième siècle" (p. 69).

"Humphrey se fit indiquer la cave à liqueurs et versa du BOURBON OLD CROW pour tous" (p. 99).

"Sans doute avertie par le mari, elle avait caché la bouteille de OLD CROW BOURBON" (p. 142).

Et ainsi de suite ! Les titres des douze épisodes de la collection - et les pages couvertures - ne manquaient pas de charme délirant eux aussi :Une décennie plus tôt, "La loupe épouvante" publia quatre romans avant de s'interrompre. Trois d'entre eux, signés Frédéric Charles, alias Frédéric Dard (San-Antonio) furent réédités dans les années 1990 par le Fleuve Noir. Le dernier est sans doute celui qui se démarque le plus du lot, avec son titre impensable et sa page couverture des plus... étonnantes :Autre collection - qui n'a rien à voir avec celle, homonyme et éphémère, qui parut au Fleuve Noir au courant des années 1990 -, "Frayeurs" ne connut que 5 titres dont voici mes favoris (Le titre du premier laisse rêveur... Qu'est-ce que ce livre peut bien raconter ?) :Au cours de cette décennie des années 50 qui vit aussi paraître les premiers "Angoisse", la collection "Épouvante" déployait ses fantasmagories bariolées. Attention aux "titres qui tuent" et aux pages couvertures rigolotes :Celui-ci mérite le prix du meilleur titre :Toujours selon l'un des usagers de BDFI, le roman La mort aux vifs, paru dans cette collection, était l'un des romans d'épouvante les plus gore publiés à cette date... Affirmation plus ou moins contredite par un autre usager, selon qui l'un des titres les plus délirants de l'époque serait celui-ci, que même Lucio Fulci n'aurait pas renié :Après les années 50 et 60, abordons les années 70 : avec son esthétique typiquement seventies, la "Bibliothèque de l'étrange" proposa également quelques jolies découvertes :Maurice Périsset fut entre autres publié au Fleuve Noir où, dans la collection Anticipation, on put lire la réédition de son sympathique roman d'épouvante atmosphérique Le visage derrière la nuit (beau titre).Patrice Rhomm, scénariste et cinéaste, s'est spécialisé dans le mariage entre érotisme et épouvante, réalisant notamment l'extravagant Le Manoir de Draguse au courant de cette même décennie 1970.

Toujours dans les années 1970, l'éditeur Monnet publia la collection "Terrific" (rien de moins), dans laquelle on pouvait lire les exploits d'une héroïne récurrente, Maïk, dans des situations qui, semble-t-il, n'avaient rien de politiquement correct. Et un dernier titre de Périsset pour la route : Enfin, pour terminer ce trop court voyage, j'attire votre attention sur un livre récent, cette fois, paru l'an dernier aux Éditions de l'Antre. On retrouve dans cet ouvrage très intéressant des titres devenus introuvables de Marc Agapit, Claude Seignolle, Gustave Lerouge et un entretien avec Francis Lacassin, qui fut, de son vivant, un personnage essentiel dans le domaine des littératures dites "populaires".Au plaisir, peut-être, de vous voir au Congrès Boréal, auquel j'assisterai avec la flamboyante Ariane !

12 commentaires:

Frédéric Raymond a dit...

J'adore ces survols littéraires inusités. Ça donne envie de visiter des librairies empoussiérées.

Vladkergan a dit...

Ah que voilà un bon paquet de truc savoureux. Du coup je viens de m'offrir deux des opus des aventures de Dracula qui me semblent ouvertement vampiriques (et ça m'intéresse vu que c'est le sujet de mon site et que j'adore chroniquer ce genre de trucs savoureux).

Dans le genre vielles collections sympas et oubliées, il y a celles des Editions Ferenczi qui contenaient pas mal de truc sympa dans le genre.

Frédérick a dit...

Merci des commentaires !

Oui, Ferenczi était aussi un éditeur dont le catalogue ne manquait pas de charme.

Je dois avouer que la série des Maïk Vegor exerce un attrait singulier chez moi. Le "pitch" à lui seul est un must : un couple de criminels parcourt le globe à la recherche de l'immortalité. L'auteur a aussi écrit un roman "ésotérique" (Mary Gold initiée à la magie) paru dans une collection de "fantastique sorcier" : "Magie - Sorcellerie" paru chez Odepi éditeur. Autre titre à signaler dans cette collection : "Le cercle du diable"!

claude b. a dit...

Ah ben ça alors! Je m'aperçois que «Au service du Diable», un film belge qui m'avait donné des frissons adolescents, est tiré d'un roman!

Frédérick a dit...

Oui, j'ai ce film ici en VHS sous le titre "La nuit des pétrifiés". Il est paru en DVD voilà quelques années, en anglais seulement, toutefois !

claude b. a dit...

En fait, le film a une dizaine de titres différents. La copie que j'ai en DVD est The Devil's Nightmare, mais il est en français. Au générique, le titre est en italien (il s'agit d'une coproduction): La terrificante notte del demonio.

Frédérick a dit...

Oh ? Alors, c'est probablement un DVD européen, je suppose, car, à ma connaissance, le DVD américain (éditeur : Redemption) contient seulement la piste audio anglaise...

claude b. a dit...

Exact. C'est Serena qui m'a trouvé le DVD à Besançon. Je ne peux pas vérifier davantage aujourd'hui: j'ai prêté le film à mon facteur! On se prête des choses abominables à l'occasion.

claude b. a dit...

Je dois ici m'excuser bien bas. Mon film est revenu, j'ai vérifié, et il est en anglais. Faut croire que la version vue en français à l'adolescence m'a trop marqué!

Frédérick a dit...

Beaucoup de films européens avaient des versions françaises somptueuses, avec des dialogues littéraires d'une élégance surprenante. C'est pourquoi je privilégie toujours la VF de ces films. La plupart des films italiens étaient d'ailleurs tournés sans prise de son sur le plateau, et chaque comédien disait ses répliques dans sa langue natale.

Je verrai donc un jour ce film dans ma VHS, pour le plaisir d'en apprécier la piste française !

Anonyme a dit...

Houuuuuuu!
DEVIL!

Frédérick a dit...

Ahaha !

En effet...