04 avril 2007

Je vous invite à l'indécence

Je vous parlerai aujourd’hui de Brigitte Bardot. Je ne vous dirai pas, je l’espère, ce que vous savez déjà d’elle. Je ne parlerai pas de son apparence, que je laisse à votre appréciation, ni même de sa carrière de comédienne.



Non, en fait, ce que j’aimerais partager avec vous aujourd’hui, c’est la fascination qu’exercent sur moi les ENREGISTREMENTS audio de Brigitte Bardot… entendre « sa » musique (j’utilise les guillemets, car Bardot ne fut ni parolière, ni compositrice, seulement interprète…).

Entre 1962 et 1982 (mais essentiellement au courant des années 60), Bardot enregistra une série de chansons aussi belles que poétiques, enrichies par des arrangements sublimes (je le pense vraiment) et des textes incroyables. Bien sûr, on sait qu’elle collabora avec Gainsbourg, mais un tandem moins connu signa aussi pour elle un certain nombre de chansons exceptionnelles... Je parle ici de Jean-Max Rivière et de Claude Bolling. Tantôt drôles, tantôt provocatrices, tantôt sensuelles, tantôt lyriques, tantôt volontairement naïves, ces chansons sont si puissantes que plusieurs d’entre elles me donnent le frisson chaque fois que je les entends !

Bande-son d’un film fantasmé, elles télescopent les rythmes du jazz, du rock, d’une pop sixties ciselée et d’une touche de chanson « à la française ». L’un des reproches que je fais à la chanson et aux chansonniers (Brel et les autres), c’est la part minimale qu’ils accordent à la musicalité. Oui, ces chansonniers classiques ont souvent des textes intéressants, mais le reste est parfois… affligeant ! Une mélodie interchangeable et banale – souvent la même d’une pièce à l’autre –, pas ou peu de soli, des orchestrations invisibles, un manque flagrant de contenu MUSICAL, en définitive… Gainsbourg l’avait compris, lui qui truffait ses disques jazz de soli et d’arrangements élégants et variés.

Voici les paroles d’Invitango. J’aurais pu en choisir d’autres… Imaginez la voix frêle de Bardot interpréter cette chanson, à la fois mutine et sensuelle :

je vous invite à l’indécence
de ce tango presque argentin
où je ferai la connaissance
de votre corps contre le mien

où vous ferez la découverte de cet exotique entretien
lorsque la musique est offerte, il faut la suivre, sachez-le bien
entrez dans mon tango, et je vous danserai, les yeux à demi-clos
perdue au milieu des reflets de la musique qui nous amène
quand les violons racontent leurs peines

nos doigts emmêlés l’un à l’autre comme les pétales d’une fleur
vous prouveront que je suis vôtre et que vous m’êtes proche de cœur
je vous dirai en espagnol les mots d’amour que je connais
et nous verrons bien qui s’affole le premier des deux sous l’effet

entrez dans mon tango, et je vous danserai, les yeux à demi-clos
perdue au milieu des reflets de la musique qui nous amène
quand les violons racontent leurs peines

je te tutoie, nous avons l’âge
de nous dire « tu » sans se connaître
et puisque le tango t’engage
pour toujours à me reconnaître
autant ne pas faire de manières
et nous mettre à nous embrasser
puisqu’on a baissé les lumières
pour ne pas nous intimider

entre dans mon amour, je t’argentinerai
jusqu’au lever du jour pour voir le pays qui te plaît
le tango seul est responsable de ce beau voyage inoubliable

les autres ont d’étranges questions
ne les écoute surtout pas
tous les prétextes leur sont bons
pour te faire déboîter le pas
de cette érotique cadence
que va-t-il nous rester plus tard ?
je sais où le tango commence
où finit-il dans cette histoire ?

de ce tango presque argentin
je vous invite à l’indécence…

***

Qu’y a-t-il à rajouter après ça ?

Tout et rien… vous avez raison. À vous d’imaginer le reste…

2 commentaires:

Clifford Brown a dit...

Sympathique ! J'aime bien la pop française des années '60. Surtout celle que chantent les actrices.

Alors il est vrai que quand plusieurs auteurs se retrouvent au même endroit en présence d'alcool, les choses dégénèrent ? Tu me raconteras tout ça devant une bonne pinte de blonde un de ces quatre, vieux frère !

Frédérick a dit...

Oh oui !!!