27 décembre 2011

"Pour le bonheur de Maryse" ou le curieux livre d'un "auteur maudit"

Sur ce blogue, j’ai eu l’occasion de parler à quelques reprises d’un auteur étonnant (et méconnu) : Marilyn Valojie (1925-1995), alias Marilyn Baker, Marco, Maïk Vegor et peut-être encore quelques d’autres (Cona Rankin ?). De son vrai nom Jack Coutela, l’ex-dirigeant de la Wicca International Witchcraft est mort dans des circonstances tragiques après avoir mené une existence singulière, laissant derrière lui une œuvre hétéroclite et difficile à circonscrire. S’y côtoient romans fantastiques et d’épouvante, polars, romans historiques, récits sentimentaux, écrits ésotériques, bandes dessinées, etc. Ces livres ont souvent été publiés par des éditeurs éphémères (Monnet, Odepi…) dans des collections tout aussi éphémères (Terrific, Magie/Sorcellerie…). S’il écrivait sans cesse, semble-t-il, Coutela ne connut jamais la fortune grâce à ses écrits. Pourtant, son style est aisément reconnaissable par certaines constantes, notamment une obsession pour les héroïnes dont le nom commence par la lettre M (Maïk, Mic, Marghrete, Marilyn, Maryse, Marie et ainsi de suite). 
 
À la lecture des cinq romans qui forment le cycle consacré au personnage de Maïk, il est permis de regretter que les romans d’angoisse de cet auteur n’aient pas connu un plus grand retentissement. Selon Bernard Joubert (Dictionnaire des livres et journaux interdits), la Commission de surveillance française demanda, sans l’obtenir, la triple interdiction de certains volumes de la série pour les motifs suivants : « recherche constante de l’horreur », « illustrations malsaines » et même (mon favori !) « récits de supplices atroces et compliqués » !
Je me demande ce que sont devenues les archives de cet auteur, archives qui contiennent probablement des manuscrits inédits (le cycle consacré au personnage de Maïk n’a pas été publié dans son intégralité, par exemple).
Les rééditions des œuvres de J. Coutela sont rares, comme on s’en doute. Toutefois, cette année, l’un des romans signés Marilyn Valojie a eu cet honneur, j'ai nommé :
La réédition est parue en mai dernier dans la collection « Le Cercle Poche », qui réunit des romans érotiques d’une grande variété. Cet étonnant récit n’est certes pas destiné au grand public, ne serait-ce que par son sujet : la clystérophilie, autrement dit : l’émoi érotique produit par les lavements !
On reconnaît ici la « patte » de l’auteur, habitué des narrations au « je ». C’est un conteur habile qui sait garder le lecteur en alerte grâce à un style à la fois simple et fluide. Malgré les paraphilies abordées, il parvient – à mon avis – à éviter de sombrer dans le scabreux. Évidemment, c’est une question de point de vue, et je n’ai aucune peine à imaginer les cris scandalisés que pourraient pousser certains lecteurs en découvrant cet ouvrage.
Le roman baigne dans une atmosphère joviale qui fait écho au titre. La narratrice, Maryse, recherche avant tout l’épanouissement en compagnie d’amis qui ne jugent pas ses singularités, et le roman se permet quelques réflexions au sujet du conformisme sans pour autant donner dans le didactisme ou la propagande. Une fois terminé, l’ouvrage laisse une impression d’hédonisme heureux, surtout qu’il emploie par moments un certain humour et qu’il pose un regard affectueux sur les différents personnages qui le peuplent, des personnages bienveillants et attentifs les uns envers les autres…  
Ci-dessous, une revue ésotérique dirigée par Miss Valojie :
À présent, ce qu’il faudrait rééditer, hormis les Maïk Vegor, c’est la longue saga consacrée au personnage de Marilyn (7 tomes), laquelle se concluait par un métissage de fantastique et d’érotisme : Marilyn et les filles. Un huitième volume (Marilyn en croisière) fut annoncé par l’éditeur (Polyéditions), mais ne parut jamais. Poussait-il plus loin l’exploration d’une « littérature sorcière » ?
Bonne année 2012 à tous.