28 octobre 2007

Pour quelques messages de plus...

Je ne saurais trop vous conseiller le dernier album de SIOUXSIE (ex SIOUXSIE & THE BANSHEES), "MANTARAY", un très beau retour en force que cet excellent album, peut-être mon préféré parmi les parutions de 2007. Tour à tour flamboyant, retenu, intimiste ou intense, gothique ou aérien (étonnante bossa-nova qui surgit tout à coup vers la fin de l'album)... Sachant que la carrière musicale de Siouxsie a commencé dans les années 70, sachant aussi que le rock, très souvent, relève de la combustion spontanée - et donc que les meilleurs albums des musiciens rock paraissent généralement au début de leur carrière -, ce disque est une très belle surprise...

11 octobre 2007

À moitié mort / Victor Hugo délire

Le vendredi 28 septembre dernier je vais porter mon CV au Cégep de Trois-Rivières pour une banque d’emplois : on cherche des chargés de cours pour janvier 2008.

Le lundi 1er octobre suivant, on me convoque pour une entrevue. Il est question d’un remplacement à pied levé si je suis retenu. Lundi soir à 20 heures 30, de retour d’animer mon émission de radio « Le voyage insolite », j’ai un message sur mon répondeur : je commence mardi (le 2) à 8 heures a.m.

Le reste est une course folle que les mots ne sauraient rendre. Temps plein. Paperasseries diverses. Prendre connaissance des documents produits par le professeur que je remplace. Lectures des œuvres mises au programme, etc. Ça a l’air simple, résumé ainsi. La réalité est tout le contraire. À travers ça, une conférence dans le cadre du Festival du roman historique de St-Hyacinthe et une conférence (de 3 heures 15) à l’UQTR. Et j’en oublie, de surcroît, sans noter une foule d’autres petits ennuis quotidiens dont le degré de perturbation varie. Sans entrer dans les détails, je peux dire que 2007 est une année que je n’oublierai pas, et qui n'a rien à voir avec cette image : L’une des deux œuvres mises au programme, LE DERNIER JOUR D’UN CONDAMNÉ, de Victor Hugo, contient des moments de surréalisme involontaire assez étonnants.

Un échantillon, à propos de la guillotine :
« – Ils disent que ce n’est rien, qu’on ne souffre pas, que c’est une fin douce, que la mort de cette façon est bien simplifiée […]. Qui le leur a dit ? Conte-t-on que jamais une tête coupée se soit dressée sanglante au bord du panier, et qu’elle ait crié au peuple :
– Cela ne fait pas mal. »Ou ce passage surprenant, dans lequel le narrateur imagine la vie après la mort : « En m’éveillant après le coup, je me trouverai peut-être sur quelque surface plane et humide, rampant dans l’obscurité et tournant sur moi-même comme une tête qui roule. Il me semble qu’il y aura un grand vent qui me poussera, et que je serai heurté çà et là par d’autres têtes roulantes. Il y aura par places des mares et des ruisseaux d’un liquide inconnu et tiède : tout sera noir. Quand mes yeux, dans leur rotation, seront tournés en haut, ils ne verront qu’un ciel sombre, dont les couches épaisses pèseront sur eux, et au loin dans le fond de grandes arches de fumées plus noires que les ténèbres. Il verront aussi voltiger dans la nuit de petites étincelles rouges qui, en s’approchant, deviendront des oiseaux de feu. Et ce sera ainsi toute l’éternité ».Encore plus fou :
« Il se peut bien aussi qu’à certaines dates, les morts de la Grève se rassemblent par de noires nuits d’hiver sur la place qui est à eux. Ce sera une foule pâle et sanglante, et je n’y manquerai pas. Il n’y aura pas de lune, et l’on parlera à voix basse. L’hôtel de ville sera là, avec sa façade vermoulue, son toit déchiqueté, et son cadran qui aura été sans pitié pour tous. Il y aura sur la place une guillotine de l’enfer, où un démon exécutera un bourreau : ce sera à quatre heures du matin. À notre tour, nous ferons foule autour.
Il est probable que cela est ainsi. Mais si ces morts-là reviennent, sous quelle forme reviennent-ils ? Que gardent-ils de leur corps incomplet et mutilé ? Que choisissent-ils ? Est-ce la tête ou le tronc qui est spectre? »

Quelle question, en vérité.

Plus loin, Hugo raconte un rêve délirant dans lequel il trouve, cachée derrière la porte de son armoire ouverte, une « petite vieille, les mains pendantes, les yeux fermées, immobile, debout et comme collée dans l’angle du mur ». L’étonnante apparition refuse de répondre à ses questions. Pour la faire parler, il approche une bougie de son menton…

Savourez cette finale :

« Alors, elle a ouvert ses deux yeux lentement, nous a regardés tous les uns après les autres, puis, se baissant brusquement, a soufflé la bougie avec un souffle glacé. Au même moment, j’ai senti trois dents aiguës s’imprimer sur ma main, dans les ténèbres ».

Efficace, non ?

---

Jeudi prochain (le 18) à la Chasse-Galerie de l’UQTR (Bar/café), joute d’improvisation musicale dont je ferai partie. Ça commence à 21 heures.

07 octobre 2007

Cry me a river...

J'ai beaucoup pensé à cette chanson de Julie London, hier.J'ai connu Julie London par le film THE GIRL CAN'T HELP IT ; elle y chante CRY ME A RIVER. Dans THE GIRL CAN'T HELP IT, préfiguration des stars instantanées qui prolifèrent de nos jours, Jayne Mansfield incarne une "chanteuse" dépourvue de talent que son riche amoureux tient absolument à imposer au grand public avec l'aide d'un manager doué mais alcoolique.

Jayne Mansfield : On entend CRY ME A RIVER au milieu du film, alors que le manager en question, complètement ivre, rentre dans son grand appartement vide... S'ensuit une séquence de rêve éveillé où ses fantômes personnels le hantent littéralement.

Jayne et son manager : Beaucoup d'albums de Julie London possèdent une mélancolie feutrée, distillant un effet à la fois cotonneux et bizarrement nostalgique, comme une ville nocturne enveloppée par une nappe de brouillard dense et chaude.Afin de partager cette chanson avec vous, j'ai fait quelques recherches, au terme desquelles j'ai trouvé ce montage réalisé à partir d'extraits du film de Polanski BITTER MOON. Si j'avais eu à me charger du montage, j'aurais choisi des scènes encore plus "crèvecoeur", mais le résultat est néanmoins satisfaisant et il offre l'avantage de faire entendre la chanson tout en permettant d'en lire les paroles. Vous pouvez maintenant laisser la tour mélancolique de Julie London se dresser chez vous pour déverser ses charmes noirs et rouges par les meurtrières qui en percent les flancs.

06 octobre 2007

Jardin d'automne / collage

Gainsbourg : dépression au-dessus du jardin (extrait / fragment)

Dépression au-dessus du jardin
Ton expression est au chagrin
Tu as lâché ma main
Comme si de rien
N'était de l'été c'est la fin
Les fleurs ont perdu leurs parfums
Qu'emporte un à un
Le temps assassinShe's a mystery to me
She's a Mystery Girl (chanson de Roy Orbison)Et un fragment de l'un de mes textes à paraître dans le recueil LOCOLEIMOTIVE :

"tu serais ma vamp décolorée ma vamp écornée
au milieu des allées ton fémur à la main
tu serais mon spectre ma châtelaine de la Mi-nuit
ma vamp démodée qu’on brade pour 25 cents

à la fin
je prendrais ton crâne pour lui chuchoter des mots d’amour à l’oreille""Triste comme un cimetière par un matin d'automne"