13 juillet 2007

Prendre de la drogue, c'est vilain !


Au courant des années 30, le gouvernement américain désirait sensibiliser le public aux ravages de la drogue. On mettait tout dans le même sac (j'allais écrire : "dans le même sax... dérive musicale), drogues "dures" ou "douces". Comme l'affirmait l'un des slogans de films propagandistes de l'époque :

A PUFF
A PARTY
A TRAGEDY !


Belle gradation.

Films propagandistes de l'époque ? Oui, au courant des années 30, plusieurs longs-métrages de fiction furent réalisés pour convaincre le public américain de fuir toute forme de drogue, sous peine de devenir un monstre fou assoiffé de sang.



Je vous parle aujourd'hui de l'un de ces films, j'ai nommé :

Reefer Madness (alias Doped Youth)
réalisé par Louis J. Garnier en 1938

Le réalisateur, comme plusieurs confrères, saisit ce prétexte rêvé de beaucoup de cinéastes en mal d’exploitation : leur prétendue mission « éducative » leur permettait de montrer à l’écran des images de dépravation, de meurtre et de folie. Berné par l’argument type (« il faut faire peur au public en lui montrant des images fortes qui lui feront fuir la drogue et ses ravages »), le comité de censure américain fermait les yeux. C’était une partie de la vérité. L’autre aspect était celui des "Roadshows" : tel un cirque, une petite troupe circulait de ville en ville, s’arrangeant avec les propriétaires de salles pour des projections improvisées pendant lesquelles ils vendaient des livres d’information, etc.

Reefer Madness s’inscrit dans ce courant, prônant la thèse risible d’après laquelle la marijuana, en plus de créer une très forte dépendance, conduit au meurtre et à la démence. On ne regardera donc pas ce film dans le but d’obtenir une information sérieuse et valable sur le sujet, mais plus comme un témoignage historique signalant la désinformation tolérée (voire valorisée) par les autorités américaines de l’époque, dans le but d'inculquer une certaine idéologie auprès de la population.


Quoi de mieux, pour séduire les foules, qu’une belle histoire bien convaincante, mais fictive ? Suivons donc les déboires d’un jeune homme de bonne famille, qui s'est épris d’une jeune étudiante modèle. Le frère de celle-ci succombe aux invitations du bellâtre Ralph, qui fréquente un vendeur de drogue. Après divers déboires (exacerbations érotiques, conduite dangereuse, etc.), tout ce beau monde aboutit dans un appartement où un drame survient. Et voilà !

Dans le style, REEFER MADNESS demeure un classique psychotronique qui se laisse regarder avec un certain sourire, vu ses outrances : il faut voir, à titre d’exemple, ce pianiste déchaîné qui joue d’un air halluciné après avoir trop fumé…! Cabotinage et démence. Le public a dû être traumatisé, et il semble que ce film n’ait pas peu contribué aux lois intransigeantes qui s’en prirent par la suite aux drogues dites « douces ».

La version idéale du film est celle éditée par Something Weird (DVD THC Triple Feature), en meilleur état que les autres copies en circulation. Ce DVD contient aussi deux autres films du genre : ASSASSIN OF YOUTH et MARIHUANA, en plus de différents suppléments.

2 commentaires:

Patrick a dit...

C'est bien vilain tout ça..... J'en étais rendu ici lors de l'arrêt de mes lectures ! Mais qu'est-ce que j'ai foutu depuis juillet ?! En tout cas, ton article me fait penser au film « éducatif » sur la menstruation qu'on a pu voir avant (l'horrible) LIVE FREAKY, DIE FREAKY.

Ce petit film était particulièrement hilarant. On aurait quitter après celui-ci....

Frédérick a dit...

Bah, mieux vaut tard que jamais.

Et oui, je me souviens de ce fameux film éducatif...

Quand je repense à LIVE FREAKY, DIE FREAKY, je suis submergé de mauvais souvenirs... Par l'incroyable manque de tact de ce film... Enfin...