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Depuis quelques années, je présente sur ce blogue un compte rendu du festival cinématographique Fantasia. Je ne dérogerai pas à la tradition cet été, puisque j'ai passé quelques jours là-bas la semaine dernière, prenant une pause momentanée de mes projets d'écriture.
Fantasia, donc, vénérable festival qui en est déjà à sa quatorzième édition ! C'est toujours un plaisir de revoir là des amis chers, entre autres Patrick "Buko-San" et Simon Laperrière, dont l'implication dans l'événement est plus significative chaque année. Cette édition 2010 avait aussi quelque chose de spécial, puisque Ariane m'y accompagnait, Ariane qui avait aussi l'habitude de fréquenter le festival de son côté, lors des années précédentes, comme il est possible de le constater en lisant son blogue.
Comme mes lecteurs le savent peut-être, mes visites à Fantasia sont souvent soumises à des contraintes d'horaire. Par exemple, malgré sa réputation de suite inférieure à l'original, j'aurais aimé pouvoir découvrir [REC 2] sur grand écran. J'aurais aussi aimé assister à l'hommage rendu au cinéaste anglais Ken Russell, réalisateur que j'avais découvert à l'adolescence avec beaucoup d'étonnement. Il n'a pas été possible d'assister à la projection de son classique The Devils... Revoir ce long-métrage baroque et flamboyant en présence de son créateur devait être une expérience...
Nous sommes arrivés jeudi le 15 juillet en soirée, en forme et énergiques, après une journée de travail bien remplie. Après les retrouvailles avec l'ami Patrick et une immersion dans l'atmosphère électrisante du festival, nous sommes entrés dans la salle J.A. de Sève pour assister à la projection de T.T. Syndrome, film serbe réalisé en 2002.
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En échangeant nos impressions, nous patientons avant le début de Lemmy, documentaire consacré à la figure homonyme, emblématique du hard-rock. Le documentaire plaira sans doute aux fans : on y découvre le musicien dans différents contextes : au quotidien, avec son fils, en concert, avec d'autres légendes du rock, etc. Différentes mini-entrevues agrémentent le film, qui accuse toutefois une baisse vers le milieu, sorte d'hagiographie de Lemmy au cours de laquelle tous les intervenants ne tarissent pas d'éloges à son sujet sans réellement apporter d'arguments pour soutenir leur enthousiasme. Le film comporte malgré cela des moments assez amusants, mais d'autres laisseront songeur, comme la partie consacrée à la fascination de Lemmy pour la guerre et ses symboles. Il faut voir cette chambre dans laquelle le rocker entasse une impressionnante collection consacrée à ce sujet... Le public de Fantasia fut très expressif lors de cette projection, s'extasiant presque chaque fois qu'un musicien rock apparaissait. Notons qu'une partie du film se penche sur le groupe Hawkwind, formation de space-hard-rock intéressante à laquelle Lemmy participa au cours des années 70.
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Ensuite, nous avons découvert, pantois, l'oeuvre la plus dérangeante que j'aie pu voir depuis longtemps, A Serbian film (2010), dont le périodique Mad Movies parlait récemment... Il est très difficile de décrire ce long-métrage sans trop en dire. C'est une descente aux enfers sadienne et horrifiante dans un univers qui devient de plus en plus glauque. L'un des organisateurs de Fantasia, le coloré Mitch Davis, a prévenu les spectateurs avant la projection : il s'agissait de l'un des films les plus perturbants et "confrontants" qu'il avait pu voir. Le programme du festival comparait en outre ce film à Salo (Pasolini). Bien sûr, le public a d'abord pris ce témoignage à la légère, mais le film n'a pas tardé à troubler plusieurs individus, qui ont quitté la salle. Une scène en particulier m'a paru extrêmement dérangeante, suscitant en moi un profond malaise. Comme voyage au bout de l'Enfer, c'est une réussite, mais c'est le genre de film à ne pas voir trop souvent (selon moi). Extrêmement nihiliste et déprimant, il est dépourvu de lumière et de métaphysique, contrairement à une oeuvre dure comme Martyrs, par exemple, dont l'intensité était mise au service d'une réflexion originale.
J'ai été moins convaincu par la présentation de l'équipe du film qui a suivi la projection. Les créateurs de A Serbian Film cherchaient à justifier les excès de leur oeuvre en disant qu'il s'agissait d'une "métaphore politique". Lors de la session de questions/réponses, le producteur, le réalisateur et le scénariste ont constamment présenté leur film comme une allégorie, répétant sans cesse la même idée... Était-ce à cause d'un malaise ressenti à l'égard de leur propre création, qu'ils pouvaient difficilement envisager de façon autonome ? Si l'intention première est bel et bien de faire un film politique, pourquoi le symbolisme (revendiqué) a-t-il pris toute la place, au risque d'occulter la réelle réflexion à ce sujet en présentant des faits politiques objectifs ? Cette présentation m'a donc laissé perplexe. J'aurais préféré qu'on admette, à la rigueur, deux niveaux de lecture au lieu de s'acharner à n'en présenter qu'un seul... Quant au film lui-même, malgré ses qualités indéniables, il n'est vraiment pas destiné au grand public, c'est le moins que je puisse dire.
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Après nous être levés tard, samedi, pour récupérer, nous avons regagné les salles climatisées pour voir Brass Knuckle Boys, une comédie japonaise détaillant la reformation d'un groupe punk des années 1980... 25 ans après leur séparation ! Ce film léger mais divertissant se laissait regarder pour la comédie sans prétention qu'il est. Il aurait pu commenter avec plus de virulence l'industrie musicale contemporaine, mais tel n'était pas son propos. On écorche toutefois au passage la tendance emo de certains chansonniers contemporains assez mièvres, dont la banalité n'a d'égale que l'ennui qu'ils distillent.
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Dimanche, enfin ! La fatigue commence à être très présente. Après avoir bu une ou deux boissons énergétiques la veille, je sens la saturation, malgré le ginseng, la taurine et d'autres ingrédients du même acabit ! Virée en avant-midi au marché aux puces de Carignan avant d'aller rejoindre Patrick pour un souper rapide dans un restau asiatique. Puis, dernier film du festival auquel nous assistons : Feast of the Assumption. Ce documentaire suit un homme dont la famille fut victime d'un tueur en série, BTK. Malgré un sujet délicat, le réalisateur a paresseusement effectué son travail, involontairement irrévérencieux par moments, d'ailleurs. L'ensemble est donc brouillon, laissant de côté des éléments importants et n'aboutissant à aucune réflexion au sujet de ce qu'il présente. On en sort d'autant plus déçu que d'autres films du genre (Paradise Lost) s'avéraient passionnants.
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Merci à Simon Laperrière, Patrick, Ariane et l'équipe de Fantasia.